Peu à peu, Cyclic Law est en train d'occuper la place jusqu'alors occupée par le mythique label de Dark Ambient, Cold Meat Industry, dont il signe nombre d'artistes. Dernier en date, Beyond Sensory Experience, BSE pour les connaisseurs. Absent des écrans radars depuis 2008 et No Lights In Our Eyes, une rapide présentation se révèle peut-être nécessaire. Formé en 2001, le projet est né la fusion créatrice de deux âmes visionnaires, Drakhon (MZ412, Nordvargr/Drakh) et K Meizter, un artiste scientifique (à moins que ce ne soit l'inverse).
De cette union découle un art quasi-métaphysique teinté d'étrangeté. Scellant le retour des Suédois, Modern Day Diabolists est une œuvre difficile à appréhender, magma de sons trafiqués, de bruitages inquiétants et de voix lointaines, tour à tour envoûtante, presque intime ("Between Sleeping And Waking"), affreusement noire ("Modern Day Diabolists") ou percluse d'une tristesse squelettique ("Rapt From Earthly Things").
Comme toujours, et faisant en cela honneur à son nom, BSE tient davantage de l'expérience sonore et sensorielle que de la simple musique, et à l'instar de ses aînés, cette septième offrande se ressent, se vit plus qu'elle ne s'écoute, bande-son d'une vie désolée. Pour les Suédois, la Dark Ambient est le terreau propice à l'expérimentation, à l'exploration, se rapprochant parfois de la musique concrète ("Lost In Habblahester"). Ils ont recours à toute sorte de sons, de samples (piano hanté sur "The Testimony Of Memory") pour orchestrer cette symphonie déglinguée. L'album a quelque chose d'un labyrinthe d'ambiances hypnotiques parfois ("Through The Underworld"), froides et désincarnées toujours, dont la clé ne nous est pas fournie. Seules quelques notes revenant à intervalles irréguliers peuvent faire office de pales balises auxquelles se raccrocher.
A l'arrivée, on ne sait trop quoi penser de Modern Day Diabolists, création d'un vertigineux pouvoir d'évocation ou d'un abyssal ennui, autant que kaléidoscope d'images urbaines que ronge un mal obsédant. Sans doute les deux lascars se moquent-ils bien d'un ressenti chez l'auditeur de toute façon forcément subjectif.