Un seul être vous manque et tout est dépeuplé : lorsque les historiens futurs se pencheront sur l'ensemble de la carrière d'Ultravox, nul doute que cette sentence leur apparaîtra comme une évidence. Faisant passer un obscur combo punkoïde de l'ombre à la lumière lors de son arrivée en 1979, le départ de Midge Ure après 5 albums flamboyants a renvoyé le groupe dans l'anonymat le plus parfait, ce dernier n'accouchant en 20 ans que de 2 albums insipides tandis que notre homme se concentrait sur une carrière solo plus ou moins convaincante. L'annonce de son retour en 2008 pour une tournée laissait espérer aux fans la sortie d'un nouvel album … Ce qui se traduit aujourd'hui par la sortie de Brilliant, au titre particulièrement évocateur.
Dès les premières notes de Live, il est impossible de s'y tromper. Le groupe est de retour en pleine forme et nous délivre une new-wave dynamique, avec ses sonorités de piano si caractéristiques, soutenues par des nappes de synthés et une guitare rythmique, sur lesquels vient se poser la voix en or de Midge Ure. Celui-ci délivre des mélodies simples mais diablement efficaces, de celles qui s'incrustent dans le cerveau dès la première écoute. A l'écoute de cette première plage, il semblerait que le temps se soit arrêté dans les années 80, Ultravox retrouvant l'inspiration de Vienna.
Les titres suivants vont quant à eux profiter des expériences diverses de chaque membre durant cette longue pause. Le splendide Flow va évoluer plutôt vers les travaux solo de Midge Ure, avec une première saillie magnifique de violon électrique, tandis que Brilliant et encore plus Change vont venir empiéter sur les dernières productions d'OMD, sans toutefois dépayser l'auditeur. Cette première moitié d'album va également accueillir le flamboyant Rise, avant de se conclure en douceur, telle une première face de vinyle, en frisant le sans-faute. Un seul petit regret par rapport à cette entame quasi-parfaite : l'utilisation trop régulière de fade-out pour terminer les plages aux alentours des 4 minutes, alors que quelques développements instrumentaux auraient pu prolonger le plaisir !
La deuxième partie de l'album va se révéler un peu plus irrégulière : entamée avec le luxuriant (et quelque peu pompeux) Hello, elle se poursuit avec deux titres très quelconques (One et Fall), sorte de "Faces B" atterries là par hasard … mais qui se retrouvent rapidement contrebalancées par les morceaux suivants, et notamment Satellite et son violon orientalisant qui, à l'image des Chieftains et leurs instruments celtiques présents sur U-Vox, apporte un vrai plus à la sonorité d'ensemble.
Album inespéré, Brilliant reprend le travail là où le groupe l'avait abandonné après U-Vox. Pas de révolution dans la musique proposée, juste le plaisir de produire et transmettre des chansons entêtantes. Compte tenu de l'époque, il est improbable qu'un nouveau Dancing With Tears in my Eyes inonde les ondes françaises et squatte le Top 50. Ce n'est sans doute pas une raison pour se priver d'un tel moment de bonheur.