Disconnect, c’est un duo américain passionné de progressif qui a décidé de faire de la musique leur vie (comme beaucoup de groupes en fait !). La formation du groupe remonte à 2009, et depuis, ils ont publié pas moins de 4 albums et 1 EP... Autant dire qu’ils avaient énormément d’idées et beaucoup d’inspiration. Mais est-ce toujours le cas avec leur nouvel album, « Enough Blame To Go Around » ?
A l’écoute, de nombreuses influences se font ressentir, en particulier dans le progressif moderne, et notamment venant de groupes tels Porcupine Tree, The Flower Kings ou Spock’s Beard. Ainsi, le timbre d’Erich O’Dell, s’il n’est pas parfaitement maîtrisé, rappelle fortement celui de Roine Stolt, leader des Flower Kings, tandis que l’on retrouve la même reverb sur la voix, et les mêmes vibratos sur les moments plus travaillés et calmes . Ce n’est pas un mal, bien au contraire, cela donne parfois naissance à des polyphonies assez audacieuses et très bien tournées comme le « Look Around !! » de ‘Adventures in Taxidermy’ ou la coda de ‘Falling Man’, qui est d’ailleurs très certainement le meilleur morceau de l’album. On retrouve de plus des claviers très vintages qui, s’ils sont plutôt discrets, n’en sont pas moins un véritable plus dans la musique de Disconnect.
Mais ce qu’il est intéressant de constater, c’est qu’ici, comme dans de nombreuses œuvres progressives, derrière la forme sa cache un fond, formant ainsi ce que l’on ne serait pas loin de qualifier d’art total car regroupant de nombreux aspects dont l’artwork de la pochette ou les paroles. Ainsi, la plupart des morceaux portent un thème bien souvent assez intéressant : ‘Adventures in Taxidermy’ s’inspire d’un fait divers survenu en Amérique, à savoir, un taxidermiste ayant assassiné sa femme et ayant maquillé le meurtre… en l’empaillant. ‘Falling Man’ profite quant à lui de ses 17 minutes pour développer une réflexion sur les différences entre les mentalités Orientales et Occidentales sur fond d’hommage aux victimes de l’attentat du World Trade Center, sans véritables intentions politiques. Le thème est formidablement mis en valeur à travers des collages d’extraits journalistiques rappelant la terreur de l’attentat ainsi qu’une utilisation de timbres acoustiques et de percussions faisant référence aux sonorités orientales. Mais les deux musiciens ne délaissent pas leurs instruments pour autant, comme en témoigne ‘Inside Job’, titre instrumental et assez heavy rempli de bons riffs. ‘Sufficient’ est également un bon morceau dominé par des polyphonies accrocheuses et majeures rappelant fortement Porcupine Tree.
« Enough Blame To Go Around » est ainsi un très bon album bien que difficile d’accès. Les défaut que sont le format particulièrement indigeste (5 morceaux dont 3 dépassant les 12 minutes), les idées fusant de partout pas toujours organisées et une production moyenne deviennent au fil des écoutes des qualités qui ne manqueront pas d'interpeller les auditeurs friands de musique riche et fouillée.