Après un album très prometteur nos amis de Frogg Cafe reviennent à la charge. Sur Creatures, l'orientation musicale est radicalement différente de l'album précédent. Les influences Zappaiennes se sont légèrement effacées pour laisser la place à un rock progressif plus mature et abouti. Les incursions dans le jazz et dans la musique contemporaine sont maîtrisées. A l'instar du Free Jazz, sur des titres comme "Gagutz" ou "The Celestial Metal Can" (aux percussions expérimentales) on assiste à une démonstration d'un nouveau genre : Le Free Prog (Le mot Frogg serait-il un condensé de cette terminologie ?)
Le style jouissif de Frogg Cafe est difficile à définir tant il s'imprègne d'essences musicales différentes. "Creatures" marie admirablement la liberté d'un Frank Zappa aux harmonies vocales de Phish alors que "All The Time" et ses riffs destructeurs semble proche d'Anyone's Daughter version actuelle.
Avec "Waterfall Carnival", la pièce maîtresse de l'album (21 minutes), Frogg Cafe signe son premier grand morceau. On sent ici la force créatrice d'un nouveau groupe sur lequel il faudra maintenant compter. Oscillant entre Genesis, PFM et Kansas, on prend un véritable plaisir à suivre ces mélodies aux thèmes entrecroisés. Place est donnée à la finesse et au longs développements. Pour une fois les musiciens ne s'essayent pas à d'hermétiques démonstrations techniques mais se concentrent sur le travail harmonique (notamment sur les voix). Ce titre est une vrai réussite et un bonheur pour l'ouïe.
Sur "Creatures" on ne parle plus de la qualité des musiciens ou du son tant le résultat est abouti. Cet album est un coup de maître et même si je pense que Frogg Cafe peut encore mieux faire, la richesse du contenu pousse a écouter et réécouter ce magnifique produit enfanté par ce qu'on appelle communément : L'Inspiration.