En dépit d'une (déjà) longue activité entamée en 1994, la carrière de Vore n'a jamais vraiment décollé. Un maigre pedigree seulement animé de deux albums et de quelques miettes (EP, split) n'a, il est vrai, pas aidé les Américains à imposer au plus grand nombre son Death Metal ultra heavy, lesquels ont pourtant tourné avec ce que l'Oncle Sam a vomi de mieux dans le genre, de Cannibal Corpse à Morbid Angel, d'Obtiuary à Deicide. Gravehammer leur permettra-t-il de changer la donne ?
Tout d'abord enfanté en 2011 sous la forme d'une autoproduction, le fait qu'il ait finalement été recupéré par AFM est peut-être la chance qui leur faisait défaut. Grâce à cette promotion franchement méritée, nous découvrons un groupe qui possède l'assurance tranquille des vieux briscards qui ont du métier.
Avec sa pochette patibulaire, on craignait pourtant le pire de la part de cette troisième aggression. Or celle-ci n'emprunte pas tout à fait le champ de bataille attendu, priviliégiant les saillies épaisses et velues aux attaques frontales. Les mid-tempos dominent à travers des compos souvent assez longues, certaines d'entre-elles n'hésitant par exemple pas à dépasser les huit minutes.
De fait, Vore n'a donc rien à voir avec un Cattle Decapitation avec lequel il a joué mais plutôt avec toute la frange à la Bolt Thrower adepte des riffs pataugeant dans la barbaque, incapables d'enclencher la seconde et de la rythmique de mammouth ("Throne To The Wolves"). Ce qui forcément, n'est donc pas pour nous déplaire et ce, d'autant plus que les Américains se montrent à leur avantage dans l'expression de cette brutalité implaccable. "The Law Is The Law" ou l'énorme "Doomwhore" dévoilent ainsi un potentiel trop longtemps ignoré. C'est le Death Metal tel qu'on l'aime.
Lord Of Storms et Maleficus sont-ils du même tonneau ? Gravehammer donne en tous les cas envie de jeter sur eux plus qu'une simple oreille. Fort du soutien d'AFM et de ce nouvel album du feu de dieu, Vore devrait enfin rencontre plus de succès qu'il n'en a connu jusqu'à présent. Tout vient à point à qui sait attendre...