A l'image de Paradise Lost et Anathema, My Dying Bride voit le jour en juin 1990 à Bradford en Angleterre, influencé lui aussi par les Celtic Frost, Candlemass ou autre Death qui mettaient à l'honneur le death et le doom en ce début des années 90. Le groupe nait de la rencontre entre le chanteur Aaron Stainthorpe et les guitaristes Andrew Craighan et Calvin Robertshaw, et va rapidement sortir plusieurs démos et EP et évoluer d'un death classique à un doom sombre et lancinant. C'est finalement en mai 1992 que débarque enfin le premier album du groupe, "As The Flower Withers", fruit d'un long et minutieux travail. Parmi les 7 pistes qu'il contient, certaines sont des versions retravaillées apparaissant sur démos.
Pour un premier album, My Dying Bride va frapper fort ! Il présente un doom aux influences death et gothiques déjà très maitrisé et d'une maturité stupéfiante pour une si jeune formation. Tout est déjà bien en place. Vocalement, Aaron a les aspects gutturaux du death métal mais il y rajoute une profondeur d'une noirceur rare. Il ne se contente pas de hurler mais ajoute déjà une âme très présente à ses lignes. Musicalement, à des contours doom, se rajoutent des passages au violon joués par Martin Powell qui contribuent à cette profondeur et donnent un lyrisme fort aux chansons.
Ainsi, avec "Sear Me", "The Bitterness", "Vast Choirs", "And The Bereavement" et "The Return Of The Beautiful", My Dying Bride dessine les contours de sa personnalité et de sa musique: des hymnes à la mélancolie, à la tristesse, le tout prolongé sur la longueur, chacun de ces titres passant les 7 minutes, le groupe laissant le temps aux atmosphères lugubres de s'installer. Ces morceaux sont brillants et prenants, à ne pas mettre en toutes les oreilles, mais quiconque s'en imprègne plonge au plus profond de l'âme tourmentée d'un Aaron que l'on sent maître du jeu. Il distille des thèmes autour de la religion, de la chute de l'humanité et de la littérature romantique, qui ajoutent aux chansons un fort supplément d'âme. Les côtés plus death ressortent encore de temps en temps au détour d'un break sur ces titres, ou sur "The Forever People" et "Erotic Literature", deux titres courts et nettement plus rentre-dedans. Ici, My Dying Bride est plus classique et ses influences death ressortent pas mal, mais il maitrise assez bien les codes du genre, même si on sent que cela est un péché de jeunesse.
Pour un premier album, c'est un coup de maître que réalise My Dying Bride. Il lance sa carrière avec une classe éblouissante et se pose comme l'un des leaders de cette brillante nouvelle scène britannique qui donne un coup de neuf au doom death métal à tendances gothiques. "As The Flower Withers" est en tout cas vivement conseillé aux amateurs de musique sombre et mélancolique. Avec ce disque, ils tiennent assurément l'un de tout meilleurs du genre.