A peine deux ans après la clôture de sa sublime trilogie, Vegard Sverre Tveitan alias Ihsahn revient à la charge avec "Eremita" qui a la très lourde tâche d’ouvrir un nouveau chapitre dans la riche discographie du norvégien et ainsi succéder à un époustouflant chef d’œuvre de ce que l’on pourra qualifier de black progressif avant-gardiste !
Et sans surprise, l’introductif "Arrival" perpétue la recette singulière déclinée dans la trilogie ponctuée par le magnifique "After" à savoir une musique tiraillée entre rythmiques explosives puisant leur inspiration dans le black metal et illuminations éthérées au gré de refrains mélodiques imparables. Notons que cet entêtant antagonisme clair/obscur est accentué sur des titres comme "Arrival" justement, "Introspection" ou encore "Departure". En effet, pour l’occasion, les grunts black écorchés d’Ihsahn - rappelant qu'il a été en son temps considéré comme un grand génie du black metal avec son groupe Emperor - alternent avec les chants clairs captivants d'Einar Solberg (Leprous), Devin Townsend et Ihriel (madame Heidi Tveitan dans la vie civile).
Si pour ce nouvel album, Ihsahn s’est entouré de quelques invités chanteurs de marque mais également de Jeff Loomis (Nevermore, responsable du solo ébouriffant de "The Eagle and The Snake"), c’est encore et toujours le saxophone de Jørgen Munkeby (Shining) qui magnifie les compos de "Eremita" en accentuant l’aspect progressif dissonant ("The Grave") et en leur apportant cette touche jazzy totalement fascinante…
Il est fort à parier que, comme ses prédécesseurs, "Eremita" s’installera insidieusement dans la mémoire vive de son auditeur. Mieux, en reprenant les ingrédients de la recette si chère à son maître à penser, ce quatrième album de la discographie solo d’Ihsahn présente son lot de passages d’anthologie mais malgré tout, il n’arrive pas à atteindre le niveau d’envoûtement ultime que pouvait procurer son prédécesseur, "After".
Si, comme beaucoup, vous avez été bouleversé par l’œuvre inclassable passée d’Ihsahn et plus particulièrement l’album avant-gardiste ultime de la trempe d’"After", "Eremita" risque fort de perdre une partie de son charme émotionnel en reprenant les codes de ses prédécesseurs. En revanche, si vous arrivez à faire abstraction de la riche affiliation et/ou découvrez l’œuvre d’Ihsahn avec "Eremita", il est hautement probable que vous trouviez en lui un album metal novateur à recommander à tout amateur de metal au sens large du terme !