Avant de se lancer dans l'analyse de cet album, il est indispensable de le situer dans son contexte. Rock Of Ages est une comédie musicale qui a cartonné sur scène aux Etats-Unis et dans les pays anglo-saxons en général, et qui se retrouve transcrite à l'écran par Adam Shankman qui avait déjà réalisé ce genre d'opération avec Hairspray. En résumé, l'histoire mélange l'histoire du célèbre Whisky A Go Go (appelé ici le Bourbon Room) de Los Angeles et la lutte de Tipper Gore (femme de Al) et de son association puritaine (P.M.R.C) contre la musique satanique que représente le Hard-Rock, le tout sur fond d'histoire d'amour entre un apprenti star du rock et une serveuse qui ne compte pas en rester là.
Tout ceci est mis en musique par une bande-son rendant hommage à l'époque bénie du Hard-Rock des années 80, les titres étant aménagés dans l'intérêt du film et interprétés par les acteurs eux-mêmes. Voilà qui a le mérite d'aiguiser la curiosité des fans de cette période tout en suscitant quelques inquiétudes quant au traitement infligé à ces classiques. Pourtant, c'est bien l'enthousiasme qui l'emporte si l'on prend la peine de ne pas se comporter comme un intégriste borné (qui a dit 'pléonasme' ?). Quel plaisir de retrouver tous ces hits alors que la surprise est de taille face aux brillantes interprétations réalisées par Tom Cruise et Catherine Zeta-Jones ! Le premier joue le rôle de Stacee Jaxx, chanteur vedette et mégalo du groupe Arsenal qui n'est pas sans rappeler un certain Axl Rose, et la seconde, celui de Patricia Whitmore (clone de Tipper Gore) qui compte bien obtenir la fermeture du Bourbon Room. Tous les deux font preuve d'une énergie et d'une justesse époustouflantes, que ce soit sur "Paradise City" (Guns'n'Roses) pour Cruise, ou sur "Hit Me With Your Best Shot" (Pat Benatar) pour la belle Catherine. Cette dernière est encore parfaite en donnant la réplique à Russell Brand en l'affrontant avec le "We're Not Gonna Take It" (Twisted Sister) face au "We Built This City" de Starship, alors que Mister Cruise est impeccable sur "Pour Some Sugar On Me" (Def Leppard).
Si la plupart des Mash-Up (plusieurs titres mélangés en un seul, contrairement au Medley qui les enchaine) s'en sortent finalement avec les honneurs, en particulier celui mixant "Sister Jane" (Night Ranger), "Just Like Paradise" (David Lee Roth) et "Nothin' But A Good Time" (Poison), le principal problème vient essentiellement des interprétations proposées par Diego Boneta, et surtout Julianne Hough, qui jouent les rôles des deux amoureux transis. Passe encore pour le premier qui, s'il a du mal à supporter la comparaison avec Lou Gramm à l'occasion du mash-up mélangeant "Juke Box Hero" (Foreigner) et "I Love Rock'n'Roll (Joan Jett), ne s'en sort finalement pas trop mal sur la plupart de ses interventions. Par contre, Julianne Hough n'a visiblement retenu que le côté comédie musicale de l'opération, forçant son chant, geignant et en faisant des tonnes, comme la plupart de ces nouvelles 'chanteuses' sortant des émissions de reality-show, au point d'en devenir parfois insupportable, atteignant des sommets de ridicule sur le mash-up "More Than Words (Extreme) / Heaven (Warrant)" et foirant à elle seule d'intéressantes interventions de Tom Cruise sur "Wanted Dead Or Alive" (Bon Jovi) ou "Rock You Like A Hurricane" (Scorpions).
Condamner l'ensemble de cet album pour la seule Julianne Hough serait cependant injuste, le reste des intervenants s'en sortant souvent mieux qu'avec les honneurs. Et puis les hommages à notre genre musical fétiche sont tellement rares qu'il serait dommage de les bouder, surtout lorsqu'ils font preuve d'un tel enthousiasme. Il est cependant à signaler que, si le film rencontre un grand succès dans de nombreux pays, la France se couvre une nouvelle fois de honte (ça devient une habitude !) en boudant les salles obscures qui le présentent. Alors précipitez-vous dans votre cinéma le plus proche avant que "Rock Of Ages" soit retiré de l'affiche pour cause de non-rentabilité.