Pour être francs avec vous, Enthroned est une horde qui ne m'a jamais vraiment intéressé, même au temps de Prophecies Of Pagan Fire ou The Apocalypse Manifesto. C'est tout le barnum Black Metal et ses clichés (satanisme, corpsepaint...) dont l'origine géographique belge, plutôt rare dans le genre, n'a même pas sû lui conférer une personnalité toujours trop inféodée aux canons suédois. Des changements de line-up à foison et autant de labels (Napalm, Regain...) essayés ont enfin contribué à brouiller l'image d'un groupe néanmoins imparable que je suivais de façon régulière mais somme toute lointaine.
J'en était donc là avec Enthroned... Jusqu'à ce que Obsidian me tombe dessus. Est-ce le fait que le guitariste et plus ancien membre du groupe dont il ne reste d'ailleurs plus aucun des piliers historiques, ait décidé depuis 2007 d'assurer également le chant, suite au départ de Lord Sabathan ? Est-ce le nouveau deal avec Agonia Records qui lui correspond certainement davantage que Napalm ? Dans tous les cas, les vilains étonnent agréablement avec ce neuvième méfait qui surpasse de la tête et des épaules un Pentagrammaton déjà oublié.
Quand je pensais avoir juste affaire à un album de plus, c'est ni plus ni moins leur meilleur chalice depuis longtemps qu'ils nous délivrent. Se cherchant un peu après le bouleversement vocal survenu en 2006, le groupe a désormais parfaitement digéré les lignes vocales de Nornagest chez lequel on découvre un talent insoupçonné. Il confère à la musique des Belges le côté malsain qui leur faisait jusque là défaut. Combiné à un sens des ambiances plus noires que jamais, il est pour beaucoup dans la réussite de Obsidium où les guitares, véritables scalpels qui labourent les chairs, sont mises au service d'un Black Metal rampant qui ne s'interdit toutefois pas d'être véloce quand il le faut, témoin "The Final Architect" d'une sombre intensité. A vrai dire, l'oeuvre va à 100 à l'heure, concentrant neuf saillies en une petite quarantaine de minutes. Sans favoriser les mid-tempos, Enthroned aime à briser la cadence par des brêches extrêmements pesantes où s'engouffrent des atmosphères funéraires ("Oracle ov Vid", "Sepulchred Within Opaque Slumber").
Alors qu'on croyait qu'il se dirigeait tanquillement vers une retraite annoncée, c'est une formation à nouveau conquérante qui asséne sa haine ténébreuse. Presque une redécouverte.