Un nouvel album de Theocracy, après le très bon "Mirror Of Souls" paru en 2008, c’est une bonne nouvelle ! A propos de bonne nouvelle, évacuons directement le chapitre du Christian-Metal. S’ils sont sincères et tolérants, les gars peuvent nous chanter du druidisme satanique ou celtique, on s’en bat la coquillette, non ? D’autant que dans ce cas, la naïveté est partiellement évitée, les paroles se montrant parfois assez critiques vis à vis de l’Eglise en général. Alors parlons musique: Theocracy a été présenté comme un clone de Stryper, mais il en serait plutôt une descendance. En effet, leur musique est sérieusement plus complexe, même si elle tente parfois de garder ce côté immédiat et mélodique qui a fait la force de Michael Sweet et sa bande !
Poussés par le succès d’estime de leur album précédent, ils débutent témérairement leur opus par une longue pièce de 11 minutes; "I Am". Avec cette plage, ils nous emmènent dans des atmosphères typiquement speed-metal, égayées de mid-tempo puissants où la voix se métamorphose à souhait, montant dans les aigus sans forcer. Les chœurs sont également superbes et n’hésitent pas à nous rappeler Queen, fameuse référence. Seul petit bémol, alors que le crescendo est bien lancé, après quelques soli bienvenus, les deux dernières minutes se perdent et s'effilochent, donnant l’impression que le groupe n’arrive pas à conclure. Dommage !
Le même défaut va se retrouver dans un autre titre, "Nailed", qui aurait gagné en impact sans les deux dernières minutes se languissant dans quelques riffs et chœurs inutiles. Et pourtant, alliant influence thrash, passages mélodiques et petit pont acoustique, c’est vraiment accrocheur. Heureusement, il y a quelques petites déflagrations qui ne s’enlisent pas, comme le percutant "The Mary Storyteller" ou le très mélodieux "Hairy In The Fairtale".
Outre Stryper, les autres références sont à rechercher dans la vague germanique, style Helloween, ou plutôt Freedom Call avec lequel "Light Of The World" a une parenté indéniable. En confiance, Theocracy nous joue même quelques gimmicks vocaux comme le bégaiement sur "Altar To The Unkown God"; efficace! L’album se clôt comme il a commencé, sur une plage de métal progressif où les capacités vocales du chanteur sont encore mises en valeur, et où, musicalement, Theocracy tente de s'éloigner des canons du speed mélodique. Et là, heureusement, les 8 minutes sont bien remplies, empilant les différents mouvements avec beaucoup de talent.
Avec ce troisième opus, Theocracy enfonce le clou dans un Christian-Metal décomplexé. Il nous régale avec un savoir-faire indéniable, mais quelques longueurs et un léger manque d'audace dans l'aventure musicale empêchent cet opus de devenir une pièce maîtresse du genre. La prochaine fois sans doute !