Il y a parfois des albums qui passent inaperçus dans la discographie fournie de groupes établis, sans que l'on puisse y trouver une explication solide et incontestable. Deux ans après un "Solid Ball Of Rock" qui leur avait remis le pied à l'étrier, Biff Byford et sa bande reviennent avec ce "Forever Free" produit en Allemagne par Biff et Herwig Ursin, et se présentant comme une suite logique de son ainé, même si Nibbs Carter n'a cette fois-ci participé qu'à l'écriture de 3 titres.
Est-ce dans ce dernier point qu'il faut chercher la raison principale à l'intérêt moindre déclenché par ce nouvel opus ? Probablement, même si d'autres faiblesses peuvent compléter l'explication au semi-échec de "Forever Free". La première vient de la production un peu trop sèche et manquant de puissance et de profondeur. Voilà qui pourrait passer pour un détail avec des compositions inspirées et imparables, mais qui devient plus handicapant quand l'ensemble semble essentiellement avoir été composé pour servir d'excuse à une nouvelle tournée. Entendons-nous bien: aucun titre n'est à jeter par la fenêtre, mais il est probable que peu d'entre eux ont des chances de s'installer durablement au sein de la setlist des classiques de Saxon.
Nous retiendrons cependant le titre éponyme, nouvel hymne biker certes accrocheur, mais un léger ton en dessous de ses prédécesseurs dans le genre. Deux titres plus speed et cinglant tirent également leur épingle du jeu, "Hole In The Sky" et "Night Hunter", qui comme par hasard ont été composés par Carter et nous balancent des bons gros riffs cinglants et des refrains directs et efficaces. Enfin, "Iron Wheels" fait preuve de fraicheur et d'originalité pour Biff et sa bande, ballade acoustico-folk s'aventurant sur des terres zeppeliniennes. Le reste, en dehors de la reprise sans intérêt et sans relief du "Just Wanna Make Love To You" de Willie Dixon, reste sympathique mais donne l'impression d'avoir été composé dans un moule déjà mainte fois utilisé par le quintet britannique.
Album moyen, "Forever Free" possède cependant assez de titres intéressants pour retenir l'attention des amateurs du genre. Par contre, Saxon donne l'impression de ne pas avoir trop creusé son inspiration et d'avoir limité les prises de risque avec, peut-être, le secret espoir de capitaliser sur l'élan redonné à sa carrière par "Solid Ball Of Rock". Pas de quoi s'inquiéter outre-mesure pour le légendaire combo, mais il faudra sans doute faire mieux au prochain épisode, sous peine de retomber dans l'anonymat dont les sujets de sa gracieuse majesté viennent à peine de ressortir.