Tout auréolé d’un récente mais forte exposition médiatique (au regard du style de musique pratiqué, ne nous emballons pas), et d’un accueil très positif de leur premier album, les Steel Panther nous reviennent en 2011 avec leur second disque, et toujours ce look inimitable. Présenté jusqu’à présent comme un groupe de Glam-Rock recyclant avec humour tous les clichés (sonores et visuels) de la scène Glam / Rock californienne des années 80, le groupe était majoritairement perçu comme un croisement entre un groupe à reprises et une gentille plaisanterie.
Avec ce "Balls Out", le combo risque fort d’atteindre une toute autre dimension et de passer du statut de groupe sympathique et distrayant, à celui de porte drapeau d’un Métal, festif soit, mais surtout diablement efficace. Il ne faut en effet pas oublier que si "Feel The Steel", leur premier album, a été aussi bien accueilli, ce n’est pas seulement parce qu’il jouait à fond sur la nostalgie de la période Hair-Metal, mais aussi parce que ses musiciens se montraient très talentueux pour proposer des morceaux 'plus vrais que nature'. Cette habilité, qui est toujours de mise, est dorénavant mise au service de compositions bien plus solides et un tantinet plus personnelles. Et comme au surplus la production est excellente, nous avons tout simplement là un très bon album. Certes, et même si l’évolution du groupe est sensible dans ce domaine, l’originalité n’est toujours pas le maître mot au sein de Steel Panther, mais cela est de peu d’importance au regard du talent de ce groupe qui parvient sans peine à faire rimer avec bonheur gaité et efficacité. En effet, derrière une image de clown bas du front, se cache une série de titres assez irrésistibles.
Qu’il s’oriente vers le Hard FM, avec "Just Like Tiger Woods" ou "17 Girls In A Row", ou bien qu’il opte vers des sons plus lourds et plus Rock avec "I Like Drugs" et "It Won't Suck Itself", Steel Panther se révèle être une machine à riffs imparables, une usine à mélodies immédiatement mémorisables. Les parties de guitares qui alternent passages puissants et soli ébouriffants, sont impressionnantes. Le chant assez haut perché mais très bien maitrisé, notamment en ce qui concerne la rapidité du débit, est également un des atouts du groupe. Comme dans son premier opus, tout est ici fait pour rappeler l’esprit de la scène métal US des années 80. Jusqu’à la ballade au piano "Weenie Ride" qui, avant un final facétieux, n’est pas sans évoquer le "Home Sweet Home" de Mötley Crüe. Et tout au long de l’album, on se surprend à reconnaître de-ci, de-là une ambiance renvoyant à la bande de Nikki Sixx, à Skid Row ou à Bon Jovi, sans que cela ne choque.
Car plus que cet aspect 'hommage permanent' bougrement bien maitrisé, c’est la partie 'grosse farce' qui peut coincer. A trop vouloir axer son humour sur les domaines du sexisme, du machisme et de la vulgarité, Steel Panther peut lasser. Et ce qui apparaissait au début comme une bonne blague à prendre au énième degré, devient peu à peu un gimmick un peu lassant et surtout gênant. Si "It Won't Suck Itself", qui brode sur l’histoire d’un homme piqué au sexe par un scorpion et qui demande à sa compagne de lui aspirer le venin en lui signifiant que 'cela ne va pas ce sucer tout seul', tire sans trop de difficulté un large sourire, il n’en est pas forcément de même des paroles de "Let Me Cum In", dont le refrain répété à l’envie, 'Laisse moi jouir dans ta bouche ce soir, laisse moi jouir dans ton cul ce soir', peine très rapidement à dérider… L’adage 'les meilleurs blagues sont les plus courtes' s’applique à merveille aux textes de ce "Balls Out" qui joue un peu trop la carte de la misogynie et du graveleux, et dont l’impact humoristique se révèle très éphémère.
Mais bon, ne boudons pas notre plaisir, ce d’autant plus que les paroles sont en anglais. Ce "Balls Out", est avant toute chose un album terriblement jouissif et enthousiasmant sur la forme, et ce, même si le fond commence à faire un peu apparaître les limites du genre.