Prétendre que nous n'en pouvions plus d'attendre le successeur de Nucleus tient bien évidemment de l'euphémisme tant ce quatrième opus du (trop) méconnu Dawnbringer fut une des plus grosses claques en matière de Heavy Metal old-school de l'année 2010. L'attente un temps rassasiée par le Holy Shit, de Superchrist, autre projet du chanteur et bassiste Chris Black, est enfin terminée : Into The Lair Of The Sun God est là.
Passer après un chef-d'oeuvre n'est jamais chose aisée, les Américains le prouvent à nouveau. Inutile par conséquent de tourner autour du pot, ce nouvel album n'atteint pas (tout à fait) ni la réussite ni la classe de son aîné. Moins immédiat, plus travaillé peut-être bien que creusant un sillon identique, à savoir ce Heavy couillu à la Old Maiden, il lui manque les brulôts de la trempe de "So Much For Sleep", "The Devil" ou "You Know Me" pour transformer l'essai.
Au contraire, les neuf compositions anonymes remplissant Into The lair Of The Sun God, ne dévoilent pas leur intimité dès la première approche, ce qu'explique sans doute la nature conceptuelle de l'album dont elles forment les divers segments. Elles réclament des préliminaires car leurs trésors se nichent profondément dans les replis de leur chair. Le pont instrumental érigé par ces lignes de basse galopantes de "IV", l'orgasme beau à en pleurer achevant "III", le tempo quasi Doom de "VII", que transcende un final lancinant parsèment ainsi un menu où règnent les rythmes lents ("IX") quand Nucleus lui, à quelques exceptions près, cavalait à tout va.
Résultat, peu d'hymnes cette fois-ci, hormis la piste d'ouverture , ce qui en décevra sans doute certains, mais plutôt une collection de titres plus longs et élaborés comme des travaux d'orfèvre émaillés de riffs et soli teintés d'une discrète mélancolie. Avec intelligence, Dawnbringer, là où il aurait pu se contenter de faire tourner la confortable photocopieuse, fait preuve d'inventivité, continuant de façonner son art.
S'il n'est pas le chef-d'oeuvre espéré, Into The Lair Of The Sun God n'en reste pas moins encore une fois un très grand disque à mettre à l'actif de ce groupe dont la renommée est inversement proportionnelle à son talent !