Le succès n'est pas toujours là où on l'attend. La preuve avec Vorkreist qui, en dépit d'une douzaine d'années au compteur, âge en tout point honorable au sein de l'extrême, de concerts atomiques et de trois skeuds sinon mémorables au moins sincères et brutales messes noires, peine encore à imposer son nom en dehors du landerneau parisien.
Pourtant le groupe est mené par une belle brochette de mercenaires chevronnés au pedigree impressionnant. Merrimack, Antaeus, Hell Militia, Blacklodge, Eros Necropsique... La litanie est longue et le fait que Secrets Of The Moon, par l'entremise de la bestiale bassiste LSK qui a rejoint un temps les Allemands (à l'époque de Privilegivm), l'a enrichi à partir de 2008, aurait pû/dû lui être profitable. Cela n'a visiblement pas été le cas, sûrement par manque de promotion, comme le sous-entend le guitariste A.K., lorsqu'il souligne que Sickness Sovereign n'a eu droit qu'à une poignée de chroniques. Sigil Whore Christ va-t-il changer la donne ?
Déjà, Vorkreist peut compter cette fois-ci, du moins on l'espère, sur le soutien d'Agonia Records dont on souhaite qu'il soit enfin le label qui le fera exploser et un chanteur qui n'est plus parachuté au dernier moment. Ensuite, après trois ans de silence discographique, seulement entamé par le split avec Soulskinner, les Franciliens nous reviennent particulièrement en forme, contrairement à ce que vous pourrez lire ici et là, certaines mauvaises langues ne se gênant pas pour affirmer qu'on ne retient rien de ce quatrième opus.
Alors bien sûr, il serait exagéré de présenter Sigil Whore Christ comme le chef-d'oeuvre du genre, certains titres ne pouvant, il est vrai, échapper à la banalité ("Maledicte") mais il n'en demeure pas moins impeccable, bénéficiant d'un fuselage sonore tranchant, écrin idéal à ce Black Death furieux ("De Imitatione Christi") auquel le groupe injecte cette fois-ci des ingrédients tour à tour plus mélodiques ("Dominus Illuminatio Mea") ou plus malsains ("Ad Nauseam", "Scalae Gemoniae" et sa lente décélération finale) quand ce ne sont pas les deux à la fois, à l'image de "Memento Mori" où soli et blockaus sinistres font bon ménage.
C'est très bien fait, aboutissant à un album fidèle à ce qu'on est en droit d'attendre de Vorkreist, éternel second couteau peut-être mais dont les travaux sont toujours l'assurance d'une saillie profonde et blasphématoire. Comme il se doit.