Après des incursions assez systématiques dans la musique contemporaine et expérimentale, Erik Baron revient avec sa formation pour nous délivrer un album étrange oscillant entre Free-Rock et Jazz-Minimaliste.
La guitare basse, instrument de prédilection du compositeur, est ici exploitée d'une manière originale et extrême. Le travail sonore s'oriente donc exclusivement vers cet instrument ainsi que la guitare électrique et l'on sent l'implication artistique qui déborde souvent sur d'autres formes d'expression comme le théâtre ou la danse.
L'auditeur ne doit pas s'attendre à des démonstrations techniques à la Stanley Clarke ou Jaco pastorius, mais à une recherche approfondie de sonorités abstraites.
Mise à part le titre "Black Juju" au groove très marqué et aux chorus dissonants, le reste de l'album est une suite d'ambiances assez oppressantes dues au son grave de la basse. L'utilisation de l'archet sur "Désaccordes" (à la manière de Jimmy Page mais dans un registre totalement diffèrent), provoque des sonorités proches du rugissement. Les percussions sporadiques ajoutent une énergie brutale, presque tellurique. La matière fusionne avec le son et l'auditeur est happé dans ce malstrom universel, notamment sur la suite : "Pluie de cordes" et "Koda".
"LoveZombies" et surtout "Cut & Copy" (ou l'on retrouve le groove de "Black Juju") exploitent les rythmes électroniques pouvant rappeler le groupe Suisse Young Gods.
Désaccordes reste donc un disque élitiste et assez hermétique, qui intéressera essentiellement les amateurs de musique extrême et expérimentale.