Après les farces successives que furent "No Remorse" et "Ain’t Misbehavin’", Tokyo Blade, avec une régularité et une persévérance qui forcent le respect, poursuit ce que certains pourraient appeler une carrière, et qui commence de plus en plus à s’apparenter à un manuel du type Comment cumuler toutes les erreurs de management possible pour couler un groupe.
Petit tour d’horizon : en 1989, après seulement 1 an d’existence, le groupe créé de toutes pièces pour exploiter le nom de Tokyo Blade se sépare. Deux membres historiques, Alan Marsh et Andy Boulton, fondent alors un groupe dénommé Mr Ice. Il sortent l'EP "Have A Nice Day" sous ce nom et partent assurer les premières parties d’Uriah Heep. Pour d’évidentes raisons mercantiles, le disque est vendu sur cette tournée revêtu d’un autocollant 'This is Tokyo Blade on Ice', afin de capitaliser sur la renommé de Tokyo Blade. Très rapidement, le groupe se sépare à nouveau, et quelques années plus tard, les titres enregistrés par le groupe Mr Ice sont regroupés sur un album commercialisé sous l’enseigne Tokyo Blade et le nom "Mr Ice" !!! Cela résume de manière assez explicite la carrière de ce groupe : une succession de splits, de reformations plus ou moins légitimes, d’albums bidouillés par des maisons de disques peu scrupuleuses, et surtout, d’errements musicaux.
Parce que si les circonstances qui entourent la création de cet album ne sont pas des plus reluisantes, la musique qui s’y trouve n’est guère plus réjouissante. Il ne s’agit en fait que d’une compilation qui ne porte pas son nom. Les 6 premiers morceaux sont ceux que l’on pouvait trouver dans l’EP précité, puis viennent 3 titres enregistrés après le départ d’Andy Boulton, alors que 2 morceaux live clôturent le disque. Le style semble hésiter entre la voie d’un Rock un peu pompeux et celle d’un Hair-Metal américain sans grande originalité. Quoiqu’il en soit, si l’album n’était déjà pas bien renversant lors de sa sortie, il est clair que de nos jours, son écoute n’est pas loin de s’apparenter à une purge. Le propos est démodé, l’inspiration absente, les tentatives de sonner grand public sont pathétiques, les textes d’une pauvreté abyssal… Il n’y a qu’à poser une oreille sur "Young, Bad And No Good" pour avoir un condensé de tout cela : un titre quelconque, insipide et dont le texte tiendrait sur un timbre poste. Même les (rares) morceaux décents, à l’image d’un "Boyz Will Be Boyz" aux accents Glam-Rock, ne pourraient prétendre à mieux qu’un rôle de bouche-trou dans un bon album paru à cette époque.
Au même titre que "Pumphouse", ce "Mr Ice" est une sorte de Canada Dry tiède et éventé. Quelque chose qui porte le nom de Tokyo Blade mais qui n’en a ni la saveur, ni l’essence. Triste à pleurer !