Leur premier album ayant reçu une accueil assez positif, La Souris Déglinguée, qui dispose dans ses tiroirs de nombreux titres déjà écrit, décide de battre le fer alors qu’il est chaud et profite d’une opportunité pour sortir son second disque 7 mois plus tard. Un léger différent avec New Rose Records les amènent à signer chez Kuklos, le label de Daniel Guichard. Uniquement composé de 6 titres, "Une Cause A Rallier" sent un peu le projet expédié à la va vite. Et de manière surprenante, alors que le sentiment d’urgence et le côté direct de la musique de La Souris Déglinguée font à cette époque partie intégrante de son identité musicale et de son charme, ici la mayonnaise peine à prendre.
S’ouvrant sur, "Varsovienne", une relecture d’un vieux chant polonais qui fut popularisé durant la période prérévolutionnaire Russe et par les anarchistes espagnols durant la guerre civile, ce disque apparait moins naturel que son prédécesseur. En effet, plus de la moitié des titres donnent à écouter un groupe qui semble se forcer pour accentuer son côté rentre-dedans. Ce sentiment ne prévaut pas sur le titre précité qui s‘apparente presque à un instrumental et qui intègre une mélodie slavisante. Il n’apparait pas non plus sur "Une Fille Dans La Rue" à l’ambiance reggae. Mais même dans ce dernier morceau, une partie de la spontanéité et de l’ingénuité qui contribuait au charme de "La Souris Déglinguée", c’est ici un peu dissipé. On a le sentiment que les membres de La Souris cherchent à en découdre de manière frontale, à légitimer leur image de banlieusards coriaces, et la magie est moins présente. Le son est plus touffu, le chant plus agressif et maniéré, moins gouailleur, la basse se trouve un peu plus noyée dans les guitares. Au final, le groupe y perd en nervosité et en efficacité. Pour autant, les morceaux sont excellents et au moins quatre d’entre eux sont encore fréquemment joués en concert. Mais l’agressivité excessive du chant et un son pas assez dépouillé nuise un peu à leur rendu.
Pour ce qui est des thèmes abordés, pas de grands changements par rapport à ceux développé dans son premier opus: la banlieue, la camaraderie, la recherche d’évasion, sont toujours à l’honneur. Si les thèmes restent globalement inchangés, le titre "En France" contribue maladroitement et probablement involontairement à renforcer l’image un peu sulfureuse de La Souris Déglinguée. Le titre du morceau, le phrasé exagérément viril, des paroles pas toujours très heureuses, le fait que le groupe n’excluait personne dans ses concerts (auxquels assistaient donc, entre autre, des skins de toute obédience), les cheveux court des membres du groupe (très court dans le cas de Taï Luc), leur entourage assez 'vivant'… tous ces éléments ont commencé à doter La Souris d’une réputation trouble dans le grand public, ce, alors même que plusieurs textes, notamment du premier album, démontrent clairement qu’il serait vain de chercher toute collusion entre des idées prônant l'exclusion et L.S.D.. Quoiqu’il en soit, au-delà de ses paroles, ce "En France" est le titre le plus faible du disque, le chant frisant avec le grotesque.
Ce mini-album qui possède pourtant d’excellents titres est un peu gâché par une interprétation et des arrangements qui manquent de naturel.