Formé à Chicago par la paire Frankie Sullivan / Jim Peterik, Survivor a rapidement retenu l’attention de John Kolodner, dirigeant d’Atlantic Records, et du label Scotti Bros avec lequel il signe ce premier album éponyme, après avoir recruté le batteur Gary Smith, le bassiste Dennis Johnson, et surtout le chanteur Dave Bickler (ex Jamestown Massacre). Produit par Ron Nevison et mixé par Bruce Fairbairn, ce premier rejeton ne manque pas de parrains renommés, et même la jeune actrice Kim Basinger, déjà aperçue sur plusieurs séries télévisées, vient poser son joli minois sur la pochette.
Se basant sur des riffs Hard-Rock mélodiques, des refrains accrocheurs, et des mélodies travaillées, Survivor n’est pas sans rappeler les premiers travaux de Journey, et surtout de Foreigner, sans les errements folks de ses derniers. L’ensemble bénéficie du chant agressif et mélodique de David Bickler dont les racines blues-rock collent parfaitement à l’identité déjà affirmée du quintet. Le vocaliste se retrouve parfaitement secondé par les chœurs, en particulier ceux de Jim Peterik qui prend même le lead à son compte sur le mid-tempo groovy 'Love Has Got Me'. Pour emballer tout ça, Frankie Sullivan assure des riffs efficaces et quelques soli lumineux ('Let It Be Now'), alors que Bickler offre également quelques lignes de claviers, discrètes la plupart du temps, mais parfois très accrocheuses ('Can’t Getcha Offa My Mind').
L’ensemble est cohérent sans sombrer dans une trop grande linéarité, bénéficiant de deux hits potentiels. 'Somewhere In America' balance un riff Hard-Rock sur des bases blues, doté d’un refrain s’incrustant rapidement dans la mémoire sans faire preuve d’un simplisme démesuré, et d’un break aérien du meilleur effet. De son côté, le riff cinglant de 'Youngblood' ne laissera personne insensible. Les chœurs et le break au piano de 'As Soon As Love Finds Me' rappelleront Queen au milieu d’un titre dynamique et efficace, 'Whole Town’s Talking' laisse apparaitre un esprit soul et urbain sur son refrain, '20/20' se veut plus AC/DCien, alors que 'Freelance' ralentit le tempo et ajoute une touche un brin heavy. Enfin, 'Nothing Can Save Me (From Your Love)' alterne power-ballade et montées en puissance sur lesquels le chant de Bickler se fait déchirant, avant que 'Whatever It Takes' ne balance une mélodie plus commune bien que sympathique.
S’il demande confirmation, "Survivor" s’impose cependant comme un album référence d’un style Aor en pleine expansion. Il ne laissera pas insensible les amateurs de cet alliage de mélodie et d’énergie que Journey, Foreigner ou Boston ont déjà commencé à répandre avec succès sur les territoires nord-américains, et ils se feront un devoir de posséder cet opus au sein de leur collection.
A noter que le titre 'Rockin’ Into The Night' qui n’a pas été retenu par Nevison lors du montage final car trop southern, a été offert à 38. Special qui en fera un tube dans sa spécialité.