Prévu pour juin dernier, le (premier !) passage à Paris d'Electric Moon dans le cadre des Stoned Gatherings, soirées entièrement dévolues au Stoner, Doom et Rock psyché dont votre serviteur n'était pas peu fière d'avoir contribué à sa concrétisation, servant de contact entre Sula Bassana, le leader du groupe et l'équipe organisatrice, la date fut donc finalement annulée, les Allemands n'ayant pas réussi à caser d'autres dates en chemin. Outre nos larmes pour pleurer, il nous reste ce Cellar Space Live Overdose tout chaud qui, cruellement, étale entre nos oreilles ce que nous avons manqué (ce n'est que partie remise, espérons-le !).
Ce double vinyle, (forcément) limité à 777 copies, se divise en deux partie: la première rassemble deux des trois titres joués à Darmstadt le 27 janvier 2012 (seul le monstrueux "Lost And Found Souls" est absent du menu mais figure néanmoins sur la version CD-R que le combo vient juste de publier, baptisée Cellar Space Live Overdose, Darmsdadt) ). La seconde, deux extraits capturés lors du Sulatron Label Night Festival à Fulda, et déjà connus des amateurs sous le nom de "Electric Mono" et "Meyouwe" au programme du live chargé de retranscrire cette nuit déjà culte et sorti il y a peu également. Vous suivez ?
Le caractère bordélique de la discographie d'Electric Moon n'a d'égale que la générosité de sa musique, démentielle et orgasmique, laquelle prend toute sa géniale (dé)mesure sur scène, cadre pour lequel elle est d'ailleurs clairement taillée. Dans le genre, entre space-rock et psyché, on n'a pas fait mieux depuis le Live At Roadburn de Earthless, certes en plus Stoner.
Oscillant entre 19 et 23 minutes, ces quatre échappées belles ont quelque chose de pistes de décollage, de rampes de lancement pour la basse et les effets de Komet Lulu, la batterie d'Alex imprimant un groove infernal, et surtout la six-cordes stratosphérique du grand Sula Bassana, probablement le guitariste au jeu le plus excitant car bouillonnant d'un feeling cosmique, apparu ces dernières années. Rien de moins ! Ecoutez les gigantesques "The Verge Of Fainting" (aka "Electric Mono") et "The Spaceman Return" (soit "Meyouwe" donc), montée en puissance belle en pleurer où Sula démontre toute la palette d'émotions dont il est capable, et vous aurez une petite idée du talent de ce groupe, véritable chef de file du renouveau du Krautrock teuton biberonné aux effluves psychédéliques. Il nous emporte très loin, très haut surtout, dans les étoiles grâce à sens du rythme hypnotique, du groove extra-terrestre.
A force de chroniquer tous les projets du maître des lieux, que se soit en groupes (Electric Moon donc, mais aussi Zone Six) ou en solo, les mots, les arguments, pourtant nombreux, finissent par manquer, voire pire, à être sans saveur face un art qui se vit, vous empli de bien être. C'est beau !