Avec son album précédent, My Dying Bride était revenu à ses amours de jeunesse et le groupe, qui accueille depuis quelques temps Hamish Glencross comme deuxième guitariste, ne tarde pas pour proposer ce 7ème album, "The Dreadful Hours". Musicalement et assez logiquement, le combo continue sur sa lancée, la pochette, glauque au possible, et le logo ne laissant guère de doute sur cette volonté de rester dans les eaux du doom-death à influences gothiques.
Comme pour appuyer cette idée, on retrouve une relecture d'un grand titre du 1er album, " The Return Of The Beautiful", ici renommé "Return To The Beautiful", créant un trait d'union entre les deux disques. Le résultat est magistral avec un My Dying Bride au sommet de sa forme artistique. Le groupe retrouve même en grande partie l'âme qui faisait sa force dans le passé. L'album est très homogène, les vocaux death sont présents, servant à illustrer le malaise au sein d'un titre et s'intégrant de belle manière. En 7 titres, Aaron et sa bande, sans se réinventer, présentent quasiment leur œuvre ultime, celle qui regroupe tous les éléments faisant la force de leur groupe. Les 6 premières chansons forment un ensemble fort de misanthropie et de douleur qui illustre à merveille la mélancolie et la face noire qu'aime tant My Dying Bride. Le tout est aussi emprunt d'un certain romantisme, sombre et gothique bien-sûr, mais bien réel et donnant un grand charme à l'ensemble.
"The Dreadful Hours" et "The Raven And The Rose", les deux premières chansons, créent cet univers sur plus de 8 minutes chacune. Les deux alternent face mélodique et mélancolique et face brutale, la première commençant doucement avec un chant plaintif qui domine le débat tandis que la seconde est essentiellement brutale, ne s'adoucissant que sur la fin. Ce faisant, My Dying Bride nous plonge dans les abysses en nous faisant côtoyer la douceur et la noirceur de son âme. Ensuite, cette ambiance romantique glacée s'installe doucement. "La Figile Della Tempesta" est une ballade noire au riff mélodique entêtant et au chant gothique qui participe beaucoup à la mise en place de cette atmosphère. Ensuite, "Black Heart Romance" surprend avec un riff lumineux et mélodique qui se marie à merveille au chant plaintif d'Aaron et à la facette death développée en milieu de titre. Le tout donne un excellent titre de doom dépressif dans la grande tradition du genre.
La suite confirme cette excellente qualité et va même encore plus loin. "A Cruel Taste Of Winter" est un nouveau titre envoutant qui marie avec classe toutes les qualités du groupe, tandis qu'avec "My Hope, The Destroyer" se distingue un nouveau très grand titre de heavy gothique, véritable hymne et tube en puissance. Aaron nous fait vivre sa douleur dans un tourbillon d'émotions tant son chant clair est beau et emprunt d'une force et d'une sincérité rare, tandis que les claviers fort présents aident à faire ressentir cette peine. Enfin, "The Deepest Of All Hearts" achève ce qui semble vraiment être un concept album sur la perte d'un être cher et sur la douleur qui y est associée avec brutalité, mélancolie et amertume, le tout étant teint d'une misanthropie enchanteresse.
"The Dreadful Hours" est un nouveau grand disque d'un My Dying Bride au sommet de son art ténébreux. Tellement au sommet que ce disque apparait même comme un aboutissement de carrière et presque un testament artistique pour une formation hors normes. La suite sera en tout cas intéressante à suivre car il semble difficile de faire mieux. Aaron et sa bande devront être capables se réinventer sous peine de risquer de stagner voire de décevoir.