Des "Electric machin", on en a des palettes entières à la maison, la plupart du temps biberonnés aux années 70 : Electric Wizard, Moon, Mary... Merci Black Sabbath donc (cf. "Electric Funeral" pour les puceaux qui ignoreraient l'existence de ce morceau). Sans surprise, Electric Swan braconne lui aussi sur les terres du Deep Purple de l'âge d'or, influence apparemment chère au guitariste et fondateur Lucio Calegari, comme le démontre également son implication jusqu'en 2008 dans Wicked Minds qu'il a contribué à créer.
Moins inspiré par les tentations progressives de ce qui est désormais son ancien port d'attache, c'est tout naturellement qu'il honore le Hard-Rock antédiluvien mâtiné (un peu) de psychédélisme avec Electric Swan, d'abord avec un premier album éponyme remarqué, puis trois ans plus tard, avec ce Swirl In Gravity qui témoigne une fois encore de la vitalité de la scène Rock/Stoner italienne, du reste, 100 fois plus intéressante que sa cousine Heavy sympho mélodique.
De Wicked Minds, Calegari a enfin conservé son amour pour le chant féminin, encore accouplé avec un organe masculin sur l'opus de 2009, cette fois intégralement assuré par la nouvelle - et charmante - recrue, Monica Sardella, laquelle nous rappelle à notre souvenir le Zephyr de Tommy Bolin, ou tout simplement Janis Joplin. La belle brille de mille feux, à l'image du lent "Wicked Flower". Mais ce n'est pas là la seule illustration de sa puissance vocale, cette seconde offrande étant tout du long parcourue de ses savoureux rugissements. Elle est la grande découverte de cette galette. Incontestablement.
Bien entendu, les autres musiciens ne sont pas en reste, à commencer par Paolo "Apollo" Negri dont l'orgue Hammond dégouline de toute part ("Swirl In Gravity"), sans oublier le maître des lieux qui fait couiner sa six-cordes gonflée d'une semence juteuse et flamboyante. "Lonely Skies", que zèbrent aussi un solo de claviers très "jonlordien" et une ligne de basse toute en rondeur, constitue ainsi l'idéale carte de visite de cette formation à l'origine de compositions particulièrement travaillées. Le long et terminal "Drag My Mind", où la guitare de Calogeri s'envole très haut, le lourd "Ride On Another Sun", lui aussi perforé par une éruption électrique de Lucio, ou bien encore "Garden Of Burning Trees", dont les claviers psyché et le saxo rêveur de Clive Jones sont les contreforts de riffs rampants presque doom, sont quelques-uns des morceaux de bravoure émaillant cet album qui n'en manque pas.
Comparé au dernier opus (et premier depuis le départ du guitariste) de Wicked Minds, Visioni Deliri e Illusioni, pourtant en tout point intéressant, Swirl In Gravity convainc davantage encore car plus homogène, moins passéiste en dépit du combustible seventies qui coule dans ses veines, et tout simplement plus (Hard) Rock. Fort de cette réussite, nous demanderons juste à ses auteurs de ne pas, la prochaine fois, laisser passer trois bonnes années avant de remettre le couvert...