Avec une régularité de métronome, Loreena Mc Kennitt continue de nous délivrer tous les deux ans un nouvel album. Après une première évolution constatée sur Parallel Dreams, son quatrième opus - The Visit - va clairement installer l'artiste canadienne dans un monde musical de plus en plus métissé, nourri de ses recherches et de ses voyages en quête des origines celtes.
L'ouverture de l'album avec All Souls Night indique très clairement l'évolution de son style musical : un univers bigarré, mélange d'instruments traditionnels et d'harmonies orientalisantes, soutenus par des percussions vigoureuses apportant une dynamique nouvelle à ses compositions personnelles. Et même si ces influences restent encore modestes sur cet album, ce titre préfigure ce que seront les productions à venir. Véritable marque de fabrique de sa carrière, Loreena nous gratifie également de deux nouvelles mise en musique de textes des grands auteurs britanniques. Aux côtés de Shakespeare et Cymbeline, le majestueux The Lady Of Shallot, tiré du plus célèbre poème d'Alfred Tennyson, et qui raconte l'histoire d'une princesse victime d'une malédiction la rendant invisible au monde si ce n'est à travers le reflet de son miroir, finalement délivrée par le prince Lancelot, déroule ainsi 11 minutes de pur bonheur, sublimées par une voix une nouvelle fois magnifique et magistralement accompagnée par une instrumentation discrète mais efficace.
Toujours du côté des compositions originales, impossible de passer sous silence le génial The Old Ways, dans lequel se superposent des rythmes de danse celtique joués conjointement au fiddle et à la harpe, et une mélodie chantée sur une cadence beaucoup plus calme. Les interventions de cornemuse irlandaise viennent compléter le tableau en y apportant une touche à la fois mélancolique et majestueuse. Tout simplement fabuleux.
Loreena Mc Kennitt ne délaisse pas pour autant les adaptations de chansons traditionnelles, avec notamment une interprétation du célèbre Greensleeves qui renverra à leurs chères études bon nombre de pâles imitateurs (et imitatrices). Et puis, petite cerise sur le gâteau déjà bien garni, nous relèverons une nouvelle petite perle instrumentale invitant à la danse, Between The Shadows, dans laquelle les instrumentistes s'en donnent à cœur joie.
Avec The Visit, Loreena Mc Kennitt continue sa quête initiatique de la culture celtique, et nous gratifie d'un grand album, tout simplement devrais-je dire, mais les qualificatifs finissent par manquer pour décrire toute la majesté et la beauté des musiques que l'artiste canadienne nous délivre, album après album. Et le meilleur est encore à venir !