Sans temps mort, ADX poursuit son début de carrière très prometteur avec ce "Suprématie" qui s’inscrit dans la continuité de ses deux prédécesseurs, dont il reprend avec bonheur le triptyque qui a fait son succès: rythmes speed, mélodies épiques, textes historiques.
Pour ce qui est de l’aspect speed, "Victime", "La Peur Et L’oublie" et "L’ordre Sacré", sont la preuve que les Franciliens n’ont toujours pas équipé leurs médiators et leurs baguettes de frein à main. Sans sombrer dans la vélocité gratuite, ADX nous livre une belle démonstration de riffs incisifs et d’hymnes très efficaces. Mais cette rapidité ne s’exprime pas au détriment des mélodies, et l’on ne peut que se réjouir du fait que la totalité des morceaux intègrent des lignes mélodiques riches qui donnent plutôt dans l’épique, avec parfois une petite touche baroque. "Le Jugement De Salem" et ses variations de tempo, et surtout "Brocéliande", probablement le morceau phare de cet album, sont l’occasion d’un gros travail sur les mélodies et les ambiances.
Enfin, un des éléments caractéristiques d’ADX, à savoir les textes à connotation (ou inspiration) historique, est ici bien présent. Que ce soit au travers de "L’ordre Sacré" qui traite de l’histoire des Templiers, de "Notre-Dame De Paris" qui fait référence au roman de Victor Hugo, ou bien de "Brocéliande" qui brode sur la légende du Roi Arthur, le groupe nous pond des paroles qui ont gagné en maturité par rapport à celles présentes sur leurs deux premiers albums. Comme au surplus, on ne peut que noter une très nette progression en matière de qualité et de mordant du son, nous avons là tous les éléments pour faire de ce "Suprématie" un classique du genre, tant il est vrai que la qualité des compositions est cette fois bien mise en valeur par la production.
Ce troisième opus donne ainsi à écouter un groupe talentueux qui semble avoir atteint sa pleine maturité artistique. Et paradoxalement, c’est peut être là un des rares petits défauts de cet album : la joyeuse folie empreinte de désinvolture et de fougue qui émanait de "Exécution" et de "La Terreur" semblent un peu s’estomper. De ce fait, la magie joue moins, ou du moins, elle est supplantée par le professionnalisme. Il n’en reste pas moins que "Suprématie" est un excellent disque.