Au moment de présenter ce qui est déjà 8ème album, "Songs Of Darkness, Words Of Light", My Dying Bride est un peu à la croisée des chemins. Il a déjà 10 ans de carrière au compteur et il a déjà offert pas mal de choses dans un doom métal qu'il maitrise à merveille et finalement. Le voici donc à un tournant difficile puisqu'il ne lui faut pas stagner sans pour autant se mettre à dos les fans comme dans le passé. Ainsi, le groupe semble un peu perdu avec ce nouvel album qui arrive après plusieurs opus références; Il a d'ailleurs fallu plus de deux ans pour le réaliser, ce délai étant assez significatif de quelques hésitations artistiques. De fait, ce disque est un net cran en dessous de ses prédécesseurs. My Dying Bride y déroule un doom assez générique, sans entrain et sans âme. La tension funeste qui faisait la force du groupe semble s'être envolée au profit d'une musique très lisse et accessible. Ce faisant, on retrouve un doom romantique d'où le death a disparu et où même la voix d'Aaron se fait lisse, notre homme gardant un ton plaintif sans conviction. Le pire est même atteint quand, au travers de longues plages instrumentales, l'ennui s'installe là où ce faisait avant la force du groupe. En fait, on a la cruelle impression que My Dying Bride cherche à attirer un public plus large et qu'il a gommé ses traits les plus sombres.
La déception est donc immense. La noirceur a disparu et la musique sombre et prenante qui faisait le charme du groupe ne se retrouve vraiment que par bribes selon les titres. Il ne reste pas grand-chose à sauver et, en début de disque, seul "Catherine Blake" est intéressant de bout en bout en comptant avec force et passion l'histoire de la femme du peintre William Blake. Le titre retrouve des vocaux death menaçants et l'ambiance générale, sinistre, colle parfaitement aux paroles. Nous retiendrons également "The Prize Of Beauty" qui, malgré des longueurs, est assez intéressant avec un riff efficace, un chant grogné qui fait son effet, et une belle utilisation des claviers, un peu trop souvent oubliés sur les autres titres.
A côté, "The Wreckage Of My Flesh", "The Scarlet Garden", "And My Fury Stands Ready" et "My Wine In Silence" semblent interminables tant ils sont répétitifs et manquent du riff qui fait la différence ou de l'ambiance particulière qui pourrait les sauver. Ces titres plombent clairement l'album et le rendent assez difficile à écouter d'une traite. Seul le novice du groupe y trouvera peut-être son compte pour peu qu'il soit amateur de longs passages lents et chantés assez mollement. Enfin heureusement, la conclusion est de qualité avec "A Doomed Lover" qui porte bien son nom tant il est lent et pachydermique, doté d'un chant très grave. My Dying Bride s'y retrouve en partie et il serait dommage de passer à côté ,même si ce qui précède n'incite pas à finir l'écoute de l'album.
En un disque, My Dying Bride est tombé dans le piège qui le guettait depuis quelques temps. Il ne sait plus se renouveler et surtout, en adoucissant son propos, il perd ce qui faisait sa force et sa particularité. Le bilan de l'album est assez famélique tant les bons moments y sont rares, "Songs Of Darkness, Words Of Light" est le premier faux-pas de la formation britannique qui devra vite se reprendre si elle ne veut pas devenir la caricature d'elle-même.