Oyé, Oyé, braves gens ! Vous aimiez le prog batave bourré de claviers, les dégoulinants soli de synthés à tout va, les interventions de guitares au son caractéristique du néo-prog des années 90, et bien ne cherchez plus ! Silhouette regroupe ici toutes les composantes indissociables du mouvement porté par les Knight Area, Cliffhanger – dont le batteur Jos Uffing fût un temps brièvement parti- ou encore Flamborough Head.
Avec "Across The Rubicon", Silhouette remet le couvert pour la deuxième fois et ne change finalement pas énormément la formule qu’il continue à utiliser, même si, après un concept-album réussi, il revient à une décomposition plus traditionnelle, avec notamment trois titres (Breathe, Anybody, Don’t Stop This Movie) de plus de onze minutes. Ces trois epics font la part belle aux nombreux clichés progressifs (découpage en tiroirs avec moult changements de thèmes et reprises régulières de ceux-ci tout au long des développements) en portant au paroxysme (à la limite de l’overdose devrions nous dire ?) les nombreux soli de claviers aux sons pas toujours diversifiés et ne laissant que quelques miettes à la six-cordes.
Trois des quatre membres officient derrière le micro avec plus ou moins de réussite. Si celle de Brian fait furieusement penser à Barclay James Harvest, notamment sur le trio voix/guitare classique/claviers du titre éponyme, celle d’Erik sur le seul Breathe ne convainc malheureusement pas. La surprise vient de Jos sur la très belle ballade Empty Spaces –véritable noyau central de l’album- enchainée avec When Snow Is Falling Down utilisant un chœur d’enfant pour un refrain final ad-lib émouvant.
Quoi d’autres sous le soleil néerlandais ? Malheureusement rien de très indispensable ni novateur au regard de l’espoir engendré par l’opus précédent. Les recettes maintes et maintes fois éprouvées sont utilisées à outrance et provoquent rapidement un ennui certain sans réussir à ferrer efficacement l’auditeur même si la première écoute permet d’amorcer l’amateur de néo-prog avide de synthés gouleyants.
Finalement, c'est tout de même une petit déception comparée à l'engouement provoqué par "Moods". Cependant ne nous trompons pas, l’effort est louable et "Across The Rubicon" mérite que l’on y porte un intérêt car il permet de se projeter quelques années en arrière au temps béni du néo hollandais. Si Silhouette avait percé quinze ans plus tôt, il aurait d’emblée accroché le wagon de tête. Aujourd’hui, c’est dans le souvenir que le groupe se positionne. Mais c’est souvent dans le rêve que l’on se procure les meilleurs moments !