"Sharks" arrive deux ans après un "Covenant" sympathique qui avait pour mérite de présenter le groupe en assez bon état et réconcilié avec son guitariste, Michael Schenker. Celui-ci est d'ailleurs toujours là et le line-up du groupe n'a pas évolué, chose rare depuis quelques années chez UFO, et reste centré autour du trio Mogg, Way et Schenker.
"Sharks" est la suite logique de "Covenant" tant il lui est semblable, UFO y présente un Hard-Rock classique et classieux, mélodique et assez enlevé. Le tout est dominé par la guitare de Michael Schenker et la voix d'un Phil Mogg au top de sa forme, éblouissant d'efficacité et défiant le temps. "Sharks" est juste plus homogène que son prédécesseur: il n'a pas de gros tube au programme mais il n'a pas non plus de mauvais titres ou de remplissage. De fait, et ironiquement le disque est un peu oublié quand on retrace la riche carrière du groupe alors qu'il possède quelques très bons titres.
Il commence avec deux titres de pur Hard-Rock, "Outlaw Man" et "Quicksilver Rider", qui font leur effet tant les 4 membres du groupe y sont à leur top. Du chant à la guitare en passant par la basse, l'efficacité est au rendez-vous sans qu'aucun ne cherche à se mettre plus en avant. Ensuite, avec "Serenity", UFO lorgne du côté de Deep Purple et Led Zeppellin et se montre très à son avantage sur ce genre de répertoire. Le refrain est excellent et gorgé de feeling tandis que Schenker distille riffs et soli puissants et mélodiques.
Après cet excellent début, l'album se déroule de belle manière, de "Deadman Waling" à "Shadow Dancer", en passant par "Sea Of Faith", "Perfect View" et "Fighting Man", UFO déroule tout son savoir faire de composition en matière de hard mélodique mais encore bien tranchant. Tout cela en grande partie grâce à un Schenker au top et qui à l'air bien plus concerné par sa musique et son instrument qu'à certains moments du passé et qui fait beaucoup pour la couleur hard mélodique de l'album. Avec "Someone's Gonna Have To Pay", un pur moment de Hard-Rock boogie, il prouve avec aisance son implication en multipliant les moments de bravoures le long de ce morceau incandescent de classe sur lequel Mogg balance une prestation toute aussi excellente.
Assez injustement mis de côté, voire même dénigré, "Sharks" mérite une certaine réhabilitation pour la qualité de ses morceaux et de leur interprétation, et aussi parce qu'il marque la fin d'une époque pour UFO. Schenker va en effet de nouveau rapidement quitter le groupe pour ne plus y revenir, et avec lui va s'en aller ce son hard mélodique qui va laisser la place à un son plus blues et intimiste. Il constitue ainsi un beau testament pour Schenker qui quitte le vaisseau britannique sur une fort belle note.