En cette fin des années 80, UFO tient plus du dinosaure en sursis que du groupe au top de sa forme. Les dernières années ont été difficiles depuis la séparation après l'album "Making Contact" et Phil Mogg reste le dernier membre historique à maintenir la formation en vie. "Ain't Misbehavin'" sort en 1988, malgré un enregistrement courant 1986, et fait suite à un "Misdemeanor" qui voyait UFO flirter avec le Hard FM.
Ce mini album, 7 titres pour 27 minutes, reste dans cette tendance musicale en musclant juste un peu le propos. Mais même si on a de la sympathie pour Mogg et sa volonté farouche de continuer l'aventure UFO, force est de constater que le bilan est assez famélique tant l'inspiration semble absente dans ce qui ressemble à des faces B rassemblées pour constituer un album. De plus, ce style américanisé colle assez mal au groupe britannique, et même si Mogg chante toujours aussi bien, on peine à reconnaitre UFO. A la guitare, Tommy McClendon se défend mais il est loin d'atteindre le niveau de virtuosité et d'élégance de ses prédécesseurs. Il colle juste assez bien au Hard, entre Kiss et Bon Jovi, ici proposé.
Au final, il ne reste pas grand-chose à retenir. La première chanson, "Between A Rock And A Hard Place", sauve le disque du naufrage avec un refrain efficace, un ton Hard-Rock classique sans les relents FM, et de bonnes parties de guitare, avec notamment un bon solo dans l'esprit du UFO de la grande époque. Par contre, une fois passé ce qui semble finalement être un petit miracle, c'est la catastrophe quasi intégrale. Entre "Hunger In The Night", "Easy Money", "Rock Boyz, Rock" et "At War With The World", il n'y a pas grand-chose à sauver. UFO singe les formations à la mode de l'époque et se ramasse dans les grandes largeurs avec des chansons sans âmes et passe-partout, indignes du groupe et qui ne seraient même pas dignes de figurer sur un album d'une grande formation du genre. Seule la ballade, "Another Saturday Night", sauve un peu les meubles. Mogg y est à l'aise et, même si cela reste fort classique pour une ballade, le titre a un bon feeling, à la guitare en particulier, qui le rend assez sympathique.
La carrière d'UFO est suffisamment longue pour lui autoriser un ou deux faux pas et "Ain't Misbehavin'" en constitue un très gros. En se rattachant aux modes du temps, Mogg et sa bande perdent leur âme et nous font craindre une fin précipitée. En attendant, on peut facilement faire sans ce disque. UFO a fait bien mieux et seuls les collectionneurs et fans acharnés trouveront une bride d'intérêt à ce qui reste un ovni dans la discographie du groupe.