La longue histoire du géant du Hard-Rock britannique qu'est UFO est assez bien connue des amateurs du genre. Malgré tout, elle comporte quelques zones plus obscures, celle de la fin des années 80 par exemple, mais aussi et surtout celle des débuts. Car avant d'éclater et de devenir un monstre du genre en 1974 avec l'album "Phenomenon", UFO, qui s'est formé en Aout 1969, a proposé deux albums plus méconnus voire même carrément oubliés par une grande partie du public. "UFO 1" voit le jour en Octobre 1970. Au niveau du line-up, on retrouve déjà Phil Mogg au chant, Pete Way à la basse, Andy Parker à la batterie, les trois étant accompagnés par Mick Bolton à la guitare. Musicalement, il faut oublier tout ce que l'on connait du UFO classique pour bien appréhender la musique ici présentée, mélange de rock typé années 60, de boogie-rock et de rock spatial psychédélique. De plus comme pas mal de formations à cette époque, UFO propose des reprises (trois au total) au programme de cet album qui fleure bon l'esprit flower power des années 60.
Malgré tout, ce premier opus ne restera pas comme un classique, ni du genre ni du groupe. Emmené par un Bolton dont le style à la guitare contribue énormément à la couleur aérienne de l'album, UFO balbutie encore pas mal. On découvre une formation encore assez verte. Mogg au chant n'est pas encore parfait, il est même souvent couvert par la guitare et la basse, et il n'a pas encore la puissance qu'il aura plus tard. Au final, dans ce disque un peu désuet, on trouve un peu de tout et il est clair que le groupe se cherche encore un peu. Le premier titre instrumental, " Unidentified Flying Object", nous plonge dans une ambiance spatiale et porte très bien son nom, Way et Bolton rivalisant de technique pour créer cette atmosphère planante. Ensuite, le boogie-rock est à l'honneur avec deux titres de bonne facture, "Boogie" et "Shake It About", pas très originaux mais qui permettent à Bolton de montrer une belle dextérité dans le genre.
Pour les reprises, UFO est plutôt à l'aise. "(Come Away) Melinda" est une ballade émouvante portée par le chant d'un Mogg tout en nuances et par la basse de Way qui se taille ici la part du lion. S'y ajoute un excellent solo, bien rock, presque hard, de Bolton qui donne à la chanson une belle dimension dramatique. "C'mon Everybody", repris à Eddie Cochran, nous plonge complètement dans les années 60, de même que "Follow You Home", et même si tout cela a pris de l'âge, on écoute ça avec une nostalgie certaine d'une époque révolue. "Timothy", "Evil"" et "Treacle People" préfigurent un peu ce que sera le futur d'UFO. Ces courtes chansons sont assez agressives, avec en particulier un son de guitare écorché de la part d'un Bolton qui semblait assez habité par sa musique. Sans parler encore de heavy-metal, UFO se rapproche du son d'un Blue Öyster Cult ou d'un Deep Purple et prouve qu'il est à l'aise dans ce registre plus puissant, même si il y a des progrès à faire.
"UFO 1" reste, malgré des qualités, un album mineur de la part de ses auteurs. Il est très ancré dans une époque et manque un peu de personnalité. Cela étant, on sent que derrière cette jeunesse se cache d'indéniables qualités musicales qui ne demandent qu'à exploser largement. Par curiosité, et afin de découvrir les débuts d'un des grands du hard, on peut se laisser aller à écouter ce disque. Il s'en dégage une certaine insouciance qui le rend sympathique même si on est très loin du UFO connu de tous.