Dernier - quoique l'année 2012 ne soit pas encore terminée - des cinq albums gravés par Bvdub depuis 2011, Serenity représente d'une certaine manière la seconde face d'une même pièce, la première étant incarnée par Don't Say You Know, les deux opus ayant fait l'objet d'une sortie conjointe, sous la forme d'un double album, ou séparée. Laissons de côté pour l'instant son prédécesseur et concentrons-nous sur Serenity qui, comme Resistance Is Beautiful, sort via Darla Records, un des multiples labels hébergeant la production gargantuesque de Brock Van Wey.
Il offre le visage le plus hypnotique de son auteur, lequel continue à travailler, à explorer son art dont on croise toujours ces vaporeuses mélopées féminines mêlées à ce maillage électronique répétitif, le tout épousant la forme de complaintes aux contours flous qui s'étirent sur de (très) très longues durées. Mises bout à bout, ces compositions fleuves ont quelque chose d'une rêverie infinie, absolue, insaisissable. C'est la marque de fabrique de l'Américain à laquelle certains goûteront avec une délectation sans borne et que d'autres jugeront d'une 'chiantise' totale. Il faut admettre que cette espèce de techno atmosphérique, d'Ambient lumineuse, vise un public particulièrement restreint.
Pourtant, cet album demeure sans doute le plus accessible (tout est relatif) du bonhomme solitaire, grâce au groove entêtant que ce dernier lui imprime. Les titres palpitent d'un tempo synthétique, d'un beat qui confine à la transe. Tout d'abord basé sur des nappes Ambient similaires à la brume qui se lève, "Unity" monte ainsi en puissance à mesure que le rythme s'éveille et que l'écho féminin habituel commence à perler. Il donne le ton de l'album que les cinq autres pistes enrichissent par la suite, tour à tour radieuse ("Love", le morceau le plus Techno du lot) ou d'une mélancolie diaphane ("Strength" et ses 17 minutes de bonheur).
Comme toujours, à vouloir décrire l'œuvre de Bvdub, on se heurte à la faiblesse des mots, incapables de capter avec justesse l'essence de ces vibrations d'une beauté ambivalente, à la fois triste et solaire. Toutefois, nous ne pouvons faire l'impasse sur le bien nommé "Beauty" qui synthétise à merveille l'art de l'Américain qui signe là une de ses plus enivrantes pièces : élévation majestueuse, progression vers l'Absolu samples de voix féminines, tempo hypnotique, nappes électroniques répétitives à l'extrême. Tout y est avec en sus, cette touche si personnelle, laquelle tient dans l'émotion qui s'en échappe. Immense !
Jusqu'où ira Bvdub ? Nul ne le sait. Ce qui est sûr en revanche, c'est que Serenity se pose comme une de ses œuvres majeures, pleine de cette poésie évanescente.