En 1995, Drama (aucune difficulté pour deviner d’où vient le nom) propose au monde progressif un album tout instrumental. Ne cachons pas notre surprise car à cette époque, c’était un peu à contre-courant compte tenu du marasme ambiant dans notre microcosme Français. Formé autour du guitariste Eric Azhar et du bassiste Jean-François Duboc (ces deux là seront présents sur les trois albums sortis à ce jour), les Rouennais délivrent un progressif largement teinté d’influences : Yes bien sûr, mais aussi Genesis, Marillion (la période Fish) et peut être Steve Hackett (Mascarade).
Il va s’en dire que ces multiples références laissent présager un univers musical haut en couleurs et c’est bien le cas notamment sur les trois premiers titres où l’imbrication complexe offre un penchant néo-progressif de fort bon aloi. Le choix d’un percussionniste supplémentaire, en plus du batteur, permet d’offrir des parties rythmiques soyeuses, même si la batterie prend un peu de place au niveau du mixage final. Et c’est bien sur les deux parties d’Africa que le binôme explose, portant à bout de bras cette composition magnifiée par l’utilisation d’instruments folkloriques. Le final Excalibur fignole alors l’ensemble et nous offre un long développement qui, petit à petit, prend de l’ampleur pour offrir à Eric Azhar l'occasion de faire éclater sa 6-cordes dans un solo d’une très grande intensité.
L’émotion, c’est le mot qui ressort de l’écoute de cet opus de près de vingt ans mais qui, malgré une production parfois à la peine (rien de rédhibitoire ceci dit), permit à Drama de se faire remarquer d’une manière élogieuse. Dommage que des choix peu judicieux cassèrent par la suite ce beau départ. "Drama" reste un disque important dans le cercle du progressif français, et nul doute que nombre de formations ont du s'en inspirer...