En 1995, le label Cyclops est LA référence du progressif britannique. Sont passés sous sa coupe, The Pineapple Thief, Vulgar Unicorn, Grace ou Mostly Autumn (excusez du peu) pour ne citer qu’eux. Alors qu’un label comme celui-ci signe Mr So&So deux ans après leur 1er essai pratiquement autoproduit, c’était un sacré gage de sérieux.
Après un EP – regroupant six plages et nombre de titres qui allaient être développés ultérieurement sur les albums à venir - puis un véritable album ("Paraphernalia"), Mr So&So suscite donc l’intérêt de Malcolm Parker (le boss de Cyclops) lui permettant de remettre en forme certaines démos (The Visitor) et de proposer de nouvelles compositions. Huit titres, dont un instrumental Bolton-Eeny-Noo, sont présents sur "Compendium" et le moins que l’on puisse dire, c’est que la production a effectivement fait un bond en avant et profite pleinement du passage au numérique.
Quatre épics de plus de 10 minutes forment l’ossature de la galette en ouvrant et fermant équitablement le bal. Avec intelligence, les Anglais ont positionné la pièce maitresse en dernier. The Visitor bénéficie largement de l’inspiration Marillion période Hogarth avec cette ouverture nappes de synthés/basse, des soli de guitare (quatre !) tendus ou chaleureux et un final tout en accélération débouchant sur une montée en puissance grandiloquente. Tick-A-Box hérite de la même influence mais plutôt celle de Fish, utilisation de bruitages à la "Misplaced Chilhood" à quatre minutes du final et jeu de batterie sur les cymbales, plus la basse s’exprimant en totale liberté, rythmes syncopés et guitare qui cisaille en permanence le fond sonore.
Les morceaux courts (The Missionary, Hobson The Traveller) ne sont pas en reste mais ceux-ci se positionnent dans un contexte un peu plus rock et moins diversifiés. Il ne faut tout de même pas sous-estimer leur impact car ils permettent de visualiser une facette moins progressive du combo qui se découvrira avec les livraisons suivantes. Reste un petit caillou dans la chaussure qui rend l’opus (légèrement) bancal : la voix. Celle-ci n’est pas commune et peut apporter de petites réticences. De plus, la basse est mixée un poil trop en avant, prenant de temps en temps la main mise sur l’ensemble.
Mr So & So forge donc tranquillement son espace au milieu d’influences diverses, récite son savoir et le fait bien. "Compendium" sera le disque de la réelle découverte grâce à Cyclops et permettra aux Anglais de décrocher la première partie de la tournée de Marillion puis de signer chez Dorian Music (celle de The Wishing Tree de qui-vous-savez). Un album agréable mais sans surprise.