Avec "Pleasure To Kill", Kreator s'est forgé une réputation le plaçant parmi les grands groupes de la scène speed thrash mondiale et affirmant l'avènement d'une scène allemande très puissante, avec à ses côtés Sodom et Destruction comme camarades de jeu. Le groupe va enfoncer le clou avec son troisième album, "Terrible Certainty", qui arrive fin 1987, un an après son glorieux ainé. Désormais quatuor depuis l'arrivée de Jörg Trzebiatowski comme deuxième guitariste, les Allemands vont confirmer avec brio les espoirs placés en eux et même continuer à progresser à tout les niveaux.
Moins cité que "Pleasure To Kill" quand il s'agit de citer les albums phares de Kreator, "Terrible Certainty" est pourtant une redoutable machine de guerre, tranchante, violente et sans concession. En huit titres et sans tube absolu au programme, mais en 35 minutes de terreur, Kreator met les points sur les i et s'affirme comme une formation majeure. Le son est sec et tranchant, notamment par les guitares rugueuses à souhait. Le tout est moins speed mais terriblement puissant et écrasant, instaurant les bases du son thrash européen pour toute une génération. Le chant de Petrozza est haineux et impressionnant de maitrise, il hurle sa colère avec une conviction qui fait froid dans le dos. Enfin, le groupe s'est éloigné des clichés d'écriture pour prendre pied dans la réalité avec des thèmes de société mis à l'honneur. De la pochette aux paroles, le groupe a clairement muri et se veut revendicatif et vindicatif envers les travers du monde moderne.
L'ensemble est très homogène et passe aussi vite que le son, avec des bombes à neutrons telles que "Blind Faith", "Stroming With Menace", "Toxic Trace", "One Of Us", ou encore "Terrible Certainty" et "No Escape". Ces chansons sont d'une telle violence et d'une telle maitrise qu'elles donnent la chair de poule, donnant pratiquement une nouvelle définition à la brutalité musicale. Dépasse quand même de cet impressionnant édifice, "As The World Burns" chanté par Ventor et qui est d'une rare efficacité. La mélodie et le riff principal s'impriment immédiatement en tête et le refrain est simple et facile à retenir, idéal pour être beuglé en concert. Enfin, "Behind The Mirror" surprend avec une introduction très douce, avant que la bestialité ne reprenne le dessus, mais montrant une face encore inconnue du groupe. La mélodie de guitare est splendide et montre que Kreator a encore pas mal de cordes à son arc.
"Terrible Certainty" est un nouveau grand disque de la part de Kreator. En radicalisant son propos et en faisant évoluer son thrash, il se crée une personnalité intense et se forge une aura très forte auprès de ses fans. Il commence à approcher de la perfection et donne ses lettres de noblesse à un thrash qui, en s'éloignant des bases speed à la Venom, devient un genre majeur et à part entière de la scène métallique.
La réédition de l'album nous donne encore, et pour notre grand plaisir, l'occasion de retrouver d'excellents bonus: l'Ep de 1988, "Out Of The Dark…Into The Light", avec un inédit, "Impossible To Cure" de bonne facture, court et violent, une bonne reprise de Raven, "Lambs To The Slaughter", brutale comme il se doit et surtout trois titres live. Dans ce contexte, Kreator démontre qu'il est encore plus méchant que sur album tant "Terrible Certainty", "Riot Of Violence" et "Awakening Of The Gods" prennent une dimension encore plus violente. En attendant un live complet, on se délectera de ce grand moment de thrash devant un public que l'on devine déchainé.