Bien que les deux groupes n'aient musicalement rien en commun, il est néanmoins permis de dresser un parallèle entre les débuts de UFO et ceux de Supertramp. Même origine anglaise, même date de naissance en 1969, et surtout une même première partie de carrière hésitante incarnée par deux galops d'essai gravés à un an d'intervalle et complètement éclipsés par un troisième album décisif (Phenomenon pour le premier, Crime Of The Century pour le second, tous deux d'ailleurs publiés en 1974) car bien loin du style qui fera la réussite de leurs auteurs. Soit autant d'indices révélateurs de combos qui cherchent leur voie ainsi qu'à fixer un line-up mouvant. Celui d'UFO reste pourtant étonnamment stable lors de ses balbutiements puisqu'aucun changement n'interviendra avant 1972 et le remplacement du guitariste Mike Bolton tout d'abord par Bernie Marsden (futur Whitesnake) puis bien entendu par Michael Schenker (Scorpions).
En dépit de ses défauts, UFO 1 connaît un certain succès, notamment grâce à la reprise d'Eddie Cochran, "C'mon Everybody". Le groupe aurait pu continuer à bricoler ce Rock boogie vaguement bluesy (trop) typique de la fin des années 60 mais préfère explorer la fibre la plus psychédélique de sa personnalité encore en gestation qu'une piste telle que "Unidentified Flying Objet" laissait entrevoir. Comme son sous-titre le suggère, Flying, également parfois baptisé UFO 2, déroule une heure durant un Space-Rock imprégné de l'air du temps, durée somme toute encore assez rare pour l'époque.
A la brochette de courts morceaux du premier essai, l'œuvre privilégie les structures étirées, reposant en grande partie sur deux (très) longues pièces qu'encadrent trois plages plus ramassées. Encore que "Silver Bird" du haut de ses presque sept minutes au compteur n'a rien du tube immédiat taillé pour les ondes. Les Anglais ne sont toujours pas reconnaissables, à l'image du chant de Mogg, mais les progrès sautent cependant aux oreilles. Tout y est davantage en place, quand bien même "Star Storm" et "Flying" n'échappent pas toujours aux longueurs, surtout le second des deux dont les 26 minutes se traînent un peu malgré de très bons moments.
S'il n'a pas à rougir du résultat qui fait la part belle aux parties de Mike Bolton, il semble évident que ce style n'est pas celui qui sied le mieux à UFO, plus à l'aise dans un format plus classique, comme l'illustrent "Silver Bird", belle composition entaillée de soli nerveux, ou le remuant "Prince Kakuju", certes boogie mais déjà annonciateur du registre à venir.
Tout aussi occulté que son prédécesseur, Flying mérite mieux que l'oubli dans lequel il est enfermé tel un purgatoire. La couche de poussière qui le recouvre aujourd'hui ne parvient pas à masquer totalement d'évidentes qualités d'écriture et d'exécution. Ceux qui l'ont découvert à l'époque pensaient-ils que UFO deviendrait quelques années plus tard ce géant du Hard-Rock ? Pas sûr, à commencer par le groupe lui-même qui très vite décidera de partir dans une autre direction, plus dure, aidé en cela par un nouveau 'gratteux' qui ne tardera pas à faire parler de lui : Michael Schenker !