En 1995, un ovni transperce l’atmosphère musical. Regroupant Michael Flexig (Zeno, Electric Sun) au chant, Herman Franck (Victory, Accept) à la guitare, et Klaus-Peter Matziol (Eloy, KPM) à la basse et aux programmations, Echopark commet là son deuxième album, "Pretty Lies", et réussira à provoquer soit répulsion, soit adoration.
Œuvrant dans une mouvance électro/AOR/New-Wave/Krautrock (!), le combo s’évertue à toucher à tout en mixant ces différentes influences dans le cadre de titre comme Knock On Wood ou Change (Just A Card Away), légèrement AOR (la rythmique et les soli de guitare), saupoudré de Krautrock (les synthés poussant parcimonieusement quelques nappes), titillé par la New-Wave (la basse ronflante de KPM, les saxophones de Phillipe Gonand) et porté par l’électronique (les programmations et le traitement des voix). Bref, une mayonnaise qui prend selon certains ou qui se désagrège au fil du déroulé musical pour d’autres.
Bien sûr, la programmation de la batterie est simpliste. Bien sûr, Michael Flexig ne s’épanche pas comme à son habitude et aucun instrument ne prend le dessus. Bien sûr, l’ensemble fait un peu glaçon lorsqu’à chaque tournant le feu est attendu mais il n’en demeure pas moins intéressant et surprenant.
De nombreux bruitages émaillent les intros des titres - la petite fille sur River Of Life, la boule de flipper de Wheel Of Fate[/i ]-, deux interludes (Mysterious Lights, Moving) ouvrent et ferment deux mondes parallèles puisque, passé ce dernier, l’orientation AOR se fait sentir largement plus via une accélération certaine du tempo et la présence significative de la 6-cordes (Push And Desire, Marching In Time). Cependant, le syncopé et profond Never Be Near remet un peu de douceur dans ce monde énervé en offrant un mid-tempo à la méthode couplets/refrain imaginatif doté de loops de synthés efficaces.
Assez difficile à cataloguer de manière précise, la musique proposée par Echopark fragilise les idées reçues et cristallise par la même occasion un concentré de simplicité et d’originalité imparable. Vous l’aurez compris, je fais partie de ceux qui trouvent cet album en décalage avec toutes références et me trouve surpris d’être tiraillé par le désir d’en reprendre un tour jusque la dose létale à chaque fois que les dernières notes de Too Bad s’égrènent (d’ailleurs surprenant dans sa construction rythmée en deux temps en forme de double-jeu).