Le moins qu'on puisse dire, c'est que Mangala Vallis est un groupe qui ne monopolise pas l'attention de l'amateur de rock progressif. "Microsolco", troisième album en dix ans de la formation italienne, aura mis sept ans pour succéder à "Lycanthrope". Dire que ce nouvel opus était attendu est donc un doux euphémisme.
En sept ans, beaucoup de changements peuvent survenir et c'est celui du line up du groupe qui frappe au premier regard porté sur le livret de ce "Microsolco". Trois nouveaux noms (sur cinq) apparaissent par rapport à la formation présente sur "Lycanthrope" : exit Bernardo Lanzetti et son chant typé, Riccardo Sgavetti (basse) et Enzo Cattini (claviers). A noter que ce dernier a été remplacé par Cristiano Roversi (issu de Moongarden) dès 2009. Un second guitariste Nicola Milazzo vient épauler Mirco Consolini et, surtout, Roberto Tiranti (New Trolls, Labyrinth, Ian Paice & Glenn Hughes) arrive à la basse et au chant. De tels changements ont évidemment des conséquences sur la sonorité globale du groupe et l'on appréciera (ou pas) la perte de trémolos et de l'emphase théâtrale de Bernardo Lanzetti.
Le chant est donc plus sage, plus classique, mais loin d'être dépourvu de chaleur et d'expression. A l'écoute du premier titre ("Easy Empire"), on peut y trouver, dans la voix et dans le style, une petite ressemblance avec A.C.T.. Mais revenons en premier lieu au concept de l'album, puisque concept il y a (on fait du prog ou on en fait pas !). L'intitulé de l'avant dernière plage, "21/12/12", devrait vous mettre sur la voie ... Mangala Vallis y fait allusion à cette fin du Monde qui approche à grands pas selon quelques oiseaux de mauvais augure, mais nos optimistes Italiens laissent entrevoir un dénouement heureux puisque l'album se termine sur "Terra Nova", espoir !
Vous ne trouverez pas de composition épique dans "Microsolco", la plus longue durée étant 7'12 pour "Easy Empire", et c'est sans doute ce qui manque à cet album pour en faire un grand cru. Les mélodies sont accrocheuses et certaines frôlent le formatage FM ("Plastic Paradise"), mais l'efficacité des orchestrations parfois ponctuées de sons vintage, d'envolées de claviers et de soli de guitare très prog rend l'ensemble attachant. Chaque écoute révèle quelques bonnes trouvailles, là un son de violon ou de flûte, ici une réminiscence de Mellotron. Un des membres rescapés du groupe originel étant Gigi Cavalli Cocchi, l'excellent batteur, il n'est que normal de noter un travail parfois stupéfiant à la batterie.
La note finale sanctionne (mais si peu) un manque de folie, de grandiloquence dans les thèmes développés, mais ce troisième album de Mangala Vallis reste tout à fait recommandable à tous les amateurs de bon néo-prog.