A la sortie du deuxième album des Children Of Bodom, "Hatebreeder", on avait crié au véritable génie. On s'était même demandé naïvement où les Finlandais allaient s'arrêter après 2 albums presque parfaits. Une chose est sure, ce n'est pas avec ce troisième opus "Follow The Reaper". Les Scandinaves frappent encore une fois très fort, un an seulement après leur précédent méfait, ce qui nous a tout juste laissé le temps de nous remettre de cette claque musicale. Inutile de présenter Roy, désormais figure emblématique du groupe qui illustre une nouvelle fois l'album. Après le rouge puis le vert, place au bleu glacial. Il se tient droit en plein milieu d'un cimetière, et le titre de cet opus invite à le suivre. Que cache-t-il encore?
D'abord, nous constatons que la production est encore une fois très propre et offre un son à nouveau impeccable, rien à reprocher : c'est limpide, puissant et rond. D'une durée encore une fois très courte, à peine plus de 38 minutes, la galette se décompose en 9 perles de Black Metal néoclassique. Dès les premières notes, nous tombons dans une atmosphère connue, rassurante. C'est bien du COB et la recette semble réutiliser ce qui avait finit de convaincre les fans sur le 2ème album. 'Follow The Reaper' introduit l'album par un extrait de l'Exorciste III : 'Death, be not proud. Though some have called thee mighty and dreadful, for thou art not so' et plonge son auditeur dans l'ambiance gloque des bords du lac Bodom. Démarrant sur un riff stable et un tempo soutenu, les Finlandais enchaînement variations et changements de tempi sur des thèmes riches, entremêlant binaires et ternaire. Les claviers ont gardé leur place de choix, acquise sur "Hatebeeder" et répondent aux soli des guitares sans vaciller, ou bien les accompagnent pour amplifier les thèmes. 'Bodom After Midnight' illustre parfaitement le genre musical dans lequel s'illustrent les Scandinaves. Tempo rapide, interludes massifs, tantôt ultra mélodiques, tantôt lourds, tous les ingrédients sont présents.
Sur 'Children Of Decadence', on reconnaît la touche COB, qui joue avec les soli, de guitares, de claviers, s'en servant régulièrement comme phrasés de couplets, impressionnants sur l'excellent 'Kissing The Shadows' - titre dévoilant l'épique du groupe. Le culte 'Everytime I Die' retentit comme un hymne, plus lent, moins technique à l'exécution que ce qu'on a l'habitude d'entendre avec eux. Plus lourd également, ce morceau gagne en musicalité et harmonies. Les titres qui suivent sont tout aussi excellents, apportant systématiquement ce souffle nouveau, ces mélodies accrocheuses et cette énergie qui imposent le headbang. Chacune possède son identité propre qui reste facilement en tête. Impossible pour l'auditeur de se lasser de ce nectar de roulements de double grosse-caisse savamment dosés, de rythmiques ultra-rapides et encore une fois de ces phrasés musicaux uniques.
Cet album s'inscrit dans le prolongement de son prédécesseur, "Hatebreeder", où l'on retrouve encore une fois un subtil mélange de Black, Heavy, néoclassique symphonique, délaissant peut-être l'aspect Death que l'on retrouvait davantage sur les deux premiers opus. Children Of Bodom signe une nouvelle fois un chef d'œuvre, et un tiercé remarquable. Plus qu'une place de choix dans le Power Metal européen, le groupe se positionne en véritable leader (et reaper) du néoclassique actuel. Un simple conseil pour finir : programmez votre lecteur en repeat automatique pour ne plus avoir à relancer la galette à la main toutes les 38 minutes !