"Blooddrunk" voit le jour an Avril 2008, soit près de 3 ans après un "Are You Dead Yet?" qui les avait vu tourner intensément avec Slayer, In Flames ou encore Gojira. Cette tournée a d'ailleurs donné le jour à un DVD live filmé à Stockholm en Février 2006. Avec le disque précédent, la bande d'Alexi Laiho avait largement fait évoluer sa musique, passant d'un black-death néo-classique vers un power-thrash plus lourd et moins mélodique. Écrit et enregistré sur plus de 6 mois, "Blooddrunk" va confirmer cette tendance, les claviers sont de nouveau moins mis en avant et la facette thrash a pris le pouvoir. De même, le chant et les guitares se dirigent vers des aspects proches du métalcore et du death-métal, un peu dans l'esprit d'In Flames dans les années 2000.
Et comme on peut le craindre à cette peu flatteuse description, le résultat est médiocre voire même carrément mauvais par instants. On ne retrouve qu'à de très rares instants, quand Janne Warman réveille ses claviers notamment, la magie qui faisait la force et la fraicheur de Children Of Bodom sur ses premiers albums. Au lieu de cela, nombre de titres sont taillés dans le même moule avec des riffs d'une rare banalité, bruyants et sans mélodies fortes et laissant souvent la sensation d'écouter une mauvaise formation métalcore américaine comme il en existe tant. Malgré 10 titres pour 40 minutes, ce "Blooddrunk" semble interminable tant il est rempli des pires clichés que l'on puisse imaginer. Hormis quelques soli de claviers et guitares, il n'y a rien à sauver dans l'essentiel du disque. "Hellhounds On My Trail", "Lobodomy", "One Day You Will Cry" ou encore "Smile Pretty For The Devil" et "Banned From Heaven" sonnent comme des parodies, se rapprochant d'un mauvais Lamb Of God sans jamais en avoir un bout de classe.
Seule la chanson éponyme échappe au naufrage complet grâce à ses parties musicales et en faisant abstraction du chant d'un Laiho qu'on penserait venir d'un groupe de néo-métal quelconque. Il faut attendre "Tie My Rope" pour écouter un titre entier valable, avec un riff prenant ainsi que des claviers et guitares au cœur du titre, le tout avec un vrai sens de la mélodie. "Done With Everything, Die For Nothing" se dégage aussi un peu grâce à sa mélodie principale bien trouvée et un bon refrain mais encore une fois, le chant gâche la première bonne impression. Enfin, "Ghostriders In The Sky" termine l'album de façon amusante en retrouvant ce sens de la mélodie rapide et fraiche d'antan alors que les chœurs sur le refrain sont assez sympathiques, tout comme le petit côté country de la chanson. Mais tout cela reste bien léger pour sauver le disque tant ces titres n'auraient sans doute pas eu leur place sur un des premiers albums du groupe.
Avec "Blooddrunk", Children Of Bodom réussit l'exploit de sombrer en un seul album et quasiment sans signe avant-coureur. En perdant son âme et son identité musicale, il se place au niveau des pires formations métalliques à la mode outre-Atlantique, et de la part d'un groupe jadis si inventif cela est difficilement pardonnable. Il faut espérer à présent que ce malaise ne soit que passager et qu'Alexi Laiho et ses hommes retrouvent rapidement des couleurs. Ils sont capables de bien mieux faire que cette parodie de néo-métalcore.