C'était devenu une habitude tellement désespérante que découvrir un nouvel album de Lynyrd Skynyrd, sans qu'aucun décès ne soit à déplorer au sein du line-up de la légende Southern, apporte tout de suite un immense soulagement. Trois ans après un "God & Guns" qui voyait le combo s'enfoncer vers des terres de plus en plus Hard-Rock, probable exutoire à la colère légitime provoquée par les disparitions successives, et deux ans après un "Live From Freedom Hall" qui avait pour principal but de rendre hommage à Billy Powell, voici que déboule "Last Of A Dying' Breed", nouvelle offrande de la formation désormais menée par Gary Rossington, Johnny Van Zant et Rickey Medlocke, et au sein de laquelle Johnny Colt (ex Black Crowes) remplace Robert Kearns qui n'aura finalement tenu le poste de bassiste que le temps d'un seul album studio.
Même si la production est à nouveau assurée par Bob Marlette, ce nouvel opus est très fortement marqué par un véritable retour aux sources du genre, sans pour autant se départir d'un son résolument moderne et puissant. Il ne manque plus qu'un titre sur lequel la triplette de guitariste lâcherait les chevaux le temps d'une de ces cavalcades qui ont fait la renommée du style, pour que tous les éléments traditionnels soient présents. Intro bottleneck et slide omniprésente font une parfaite entrée en matière du titre éponyme. Le voyage démarre sous les meilleurs auspices et si l'intensité rythmique baisse le temps de quelques ballades, cela ne se fait jamais aux dépens de la puissance des émotions transmises. Le meilleur exemple en est "Ready To Fly", mélangeant une sensibilité à fleur de peau et une dignité tout ce qu'il y a de plus sudiste en évoquant le départ d'une mère pour le grand voyage céleste.
Car elle est là la véritable identité de Lynyrd Skynyrd, fier de ses racines et de ses valeurs que l'on peut aussi bien retrouver dans des titres à l'ambiance presque festive ("Mississippi Blood", "Good Teacher") entrainants et au groove inimitable, que lors de quelques leçons de vie soutenues par des tempi plus lent et appuyés, mariant mélodie et feeling ("One Day At A Time", "Life's Twisted" ou "Nothing Comes Easy"). Au milieu de cette démonstration, "Homegrown" fait un peu figure de surprise malgré son potentiel de hit en puissance, gonflé d'éléments Hard-Rock chromés hyper accrocheurs, qu'aurait pu composer Chad Kroeger (Nickelback), sans pour autant que ce morceau choque entre les mains expertes de Lynyrd Skynyrd. De son côté, "Honey Hole" joue sur les doubles sens, laissant planer le doute sur l'origine géographique ou anatomique du lieu lui donnant son titre. Enfin, si elle est des plus agréable, la ballade "Something To Live For" sonne un peu trop proche du "Something To Believe In" de Poison pour que l'on puisse la déguster sans arrière-pensée.
Voilà une légère faiblesse qui ne suffira pas à empêcher ce "Last Of A Dyin' Breed" de marquer le retour triomphant de Lynyrd Skynyrd sur les sommets du Southern-Rock, réussissant à marier éléments classiques du genre à une approche et une production parfaitement ancrées dans leur époque. Nous vous conseillons d'ailleurs d'en prendre une dose supplémentaire avec l'édition spéciale qui propose 4 titres de qualité en bonus. Qu'est-ce que ce style musical peut être majestueux quand il est proposé avec une telle maestria !