Coupons les ailes tout de suite à cette discussion : Evil Masquerade qui avait initié un Power-Metal théâtral et grandiloquent en reprenant, par exemple, sur son premier album, les Valkyries de Wagner, ou en jouant sur les structures de ses morceaux pour en faire autant de petites pièces musicales inventives, a définitivement tourné la page de cette aventure avec l’arrivée d’Apollo Papathanasio. C’est un peu dommage, mais dans un monde trop formaté, il y a dès lors une place à prendre, qu’on se le dise !
En effet, avec l’arrivée d’Appolo, Evil Masquerade a perdu son côté grandiloquent, presque grand guignol, pour ne garder que l’emphase, les menant dans un style proche d’Astral Doors. Henrik Flyman a aussi perdu un peu de son côté déjanté dans ses interventions de guitare, en y gagnant en efficacité. L’album précédent, "Fade To Black", était en tout cas une belle réussite et plaçait Evil Masquerade au sommet du genre, même si le succès populaire se laisse encore désirer.
Avec ce nouveau sacrifice, Evil Masquerade accentue encore le côté sombre engagé avec ce bien nommé "Fade To Black", comme le prouve déjà l’artwork de la pochette et le titre de l’album : "Pentagram". Et la musique semble bien suivre cette orientation. Tout comme "Lights Out", qui ouvrait l’album précèdent, "Pentagram" nous replonge dans les glorieuses seventies, en nous laissant savourer un blend précis de Purple, de Rainbow, de Dio, de Whitesnake et de Black Sabbath, pour la noire lourdeur ! "A Silhouette" se veut plus d’outre-tombe encore, et la voix d’Apollo, si elle sait atteindre les astres, sait aussi laisser entrevoir les tréfonds de son être. Mid-tempo assez lancinant, il est agrémenté d’un refrain insidieux, et quand la mélodie se joint à l’ambiance, c’est pour notre plus grand malheur !
Quelques cadavres plus loin, la mascarade du diable nous balance "Moonlight Fantasy", sorte de "I Was Made For Loving You" pour morts-vivants. C'est proche d'un disco endiablé, la basse se fait funky, la batterie bien vigoureuse mais linéaire, le riff est piqué au death-métal de In Flames ("Only For The Weak"), les claviers sont à la limite de la faute de goût... Mais ça marche : une vraie farandole pour zombies !
Passée cette excentricité, Evil Masquerade reprend consciencieusement son calvaire musical, Appolo et la guitare d’Henrik, ne cessant de se plaindre. Si tout est à prendre, deux titres sortent encore du lot : "Pray For Mercy On Our Souls", mid-tempo avec une basse à nouveau bien en évidence et des claviers plus planants, et l’incontournable "Soul Taker", autre demi-rythme encadré par les orgues, et rythmé par des riffs très accrocheurs.
Avec "Pentagram", Evil Masquerade s’enfonce dans un métal noir mais non dénué de fantaisie. Appolo en fait peut-être un peu trop dans l’emphase, mais l’album tient bien la route, même si la qualité de certains titres met en évidence la trop grande conformité de quelques autres.