Pretty Maids peut-il sortir un mauvais album ? La réponse est non, à condition qu'il ne cède pas aux sirènes commerciales. Deux ans après un "Scream" d'une qualité et d'une puissance relançant le quatuor danois sur de bons rails, et faisant suite à "Screamin' Live", témoignage de la tournée validant ce retour en force, voici "Spooked" qui débarque sur nos platines. La production est assurée par Tommy Hansen, ce dernier ayant déjà travaillé avec le groupe à l'époque de "Red, Hot And Heavy".
C'est par une introduction symphonique que débute ce nouvel opus, exercice qui n'avait pas été renouvelé depuis le "Fortuna (Carmina Burana)". Bien que les claviers d'Alan Owen soient toujours présents, le son est plus sec et moins puissant que sur "Scream", ce qui n'empêche pas les Danois de nous balancer quelques nouvelles salves destructrices dont ils ont le secret. Car s'il y a une chose que le précédent album a confirmé, c'est qu'il existe une formule Pretty Maids et que le groupe n'est jamais aussi performant que lorsqu'il alterne titres directs et d'autres plus mélodiques, balayant des territoires métalliques allant des frontières du Hard FM à celles du Speed Metal.
Ce style est largement représenté et se fait nerveux ("Freakshow"), angoissant ("Dead Or Alive"), cinglant ("Fly Me Out"), moderne et agressif ("Spooked"), voire rugueux ("The One That Should Not Be"), souvent armé de duels guitare – claviers sur des soli incendiaires ("Twisted") et propulsé par des cavalcades de double pédale. Les titres Heavy sont relativement classiques mais efficaces, 'Die With Your Dreams' étant notamment marqué par un break atmosphérique du meilleur effet. Enfin, la face la plus mélodique est légèrement en retrait, avec des titres moins nombreux et moins accrocheurs que d'habitude, même si le refrain de 'Live Until It Hurts' s'insinue rapidement dans les esprits. La ballade 'If It Can Be Love' flirte parfois avec la mièvrerie mais s'en sort avec les honneurs grâce à l'émotion transmise par le chant toujours aussi impeccable de Ronnie Atkins. Par contre, la reprise du 'Hard Luck Woman' de Kiss ressemble trop à une tentative visant à retrouver le succès rencontré avec 'Please Don't Leave Me' de John Sykes, et surtout, elle ne colle pas avec le reste de l'album.
En dehors de ces quelques points faibles, et malgré une durée un peu trop longue entrainant une légère baisse d'intensité et d'attention, "Spooked" a le mérite de permettre à Pretty Maids d'enchainer enfin deux albums de qualité, et de confirmer que le combo scandinave possède bien une marque de fabrique. En ne s'en éloignant qu'à de rares occasions, les Danois y gagnent en sécurité ce qu'ils y perdent en dynamique provoquée par une certaine prise de risque. Un cran en dessous de "Scream", cet album confirme malgré tout le statut de valeur sûre du groupe de Ronnie Atkins et Ken Hammer.