Si vous ne connaissez pas Random Touch, sachez que vous n'avez pourtant pas affaire à un groupe de débutants. Constitué en trio dès 1978, le combo produit très régulièrement, depuis 1999, entre un et deux albums annuels, preuve d'une belle vitalité. Qualifier le contenu de ces albums de musique est une autre paire de manches, tant nos trois Américains sortent des sentiers battus.
Un rapide coup d'œil à leur site officiel fixe les idées. Random Touch se présente comme Accidental, Vibration, Readymade Instruments, Traditional Instruments et finalement Roadnoise. Si l'on perçoit bien les vibrations accidentelles faites à partir d'instruments bricolés et de bruits urbains, on peine à discerner les instruments traditionnels. Ou plutôt, à croire qu'il a fallu recourir à des instruments traditionnels pour aboutir au piètre résultat proposé. Rarement un groupe aura aussi bien porté son nom. "Random Touch", une touche de hasard. Effectivement, c'est bien l'impression dégagée par ce disque : des gens qui découvrent toute une panoplie d'instruments et qui appuient au hasard sur des touches, tapent au gré de leur humeur sur toutes les percussions à leur disposition et pincent des cordes juste pour voir ce que cela donne.
Une écoute attentive au casque ne permet pas plus de découvrir des détails sonores passés inaperçus (sauf quelques couinements et frottements fugaces sans grand intérêt). Aucune trame musicale ne se décante du passage en boucle de l'album (eh oui ! il faut faire preuve d'abnégation quand on est chroniqueur chez MW). Pas de fil directeur, pas de climat perceptible, pas d'émotion générée par des répétitions lancinantes. Quand les claviers essayent d'installer une ambiance, ils sont systématiquement perturbés par la batterie qui semble jouer pour faire du bruit et prouver qu'elle existe. S'il y a bien quelques idées, elles sont fort mal concrétisées.
Le titre le plus abordable reste le très psychédélique 'She Wore Sheepskin', seul titre 'chanté', ressemblant, en pire, à du Syd Barrett durant sa période la plus déglinguée, c'est dire. Le reste n'est qu'improvisations déstructurées et hallucinations collectives dont l'intérêt m'échappe. Hermétique, abscons et rébarbatif.