AVERTISSEMENT ! : cet album ne reflète absolument pas la musique de Van der Graaf Generator. Les fans sont donc priés d'aborder l'objet avec la plus grande circonspection sous peine de grave traumatisme pouvant laisser des séquelles neurologiques.
Si Peter Hammill a su habituer progressivement ses sectateurs à aborder des musiques non-conventionnelles (pour lui, c'est dire !), c'est plus rare chez Van der Graaf Generator qui ne s'était risqué au coup du disque d'improvisation que le temps du CD2 de "Present", offert comme bonus d'un album plus habituel, pour le groupe s'entend. Nos bonhommes y auraient-ils pris goût ou ont-ils eu l'envie de tester la résistance de leurs fans les plus fidèles ? Toujours est-il qu'ils reviennent avec cet "Alt" particulièrement perturbant. Laissons le maître des lieux nous faire la présentation de l'objet : "Most of the music on "ALT" was made while we weren't really looking, or perhaps only while the left side of our collective brain was engaged. The album is a mixture of improvisations recorded at sound checks and in the studio and more considered sonic creations which often verge on Musique Concrete."
Un mélange d'improvisations et de bruitages divers enregistrés lors d'un moment d'inattention. Il n'y a pas de meilleure définition pour cet album qui se résume le plus souvent à des sons parfois disgracieux, à des boucles entêtantes ou des notes étirées à l'infini. Un exercice qu'Hammill a parfois réussi dans sa carrière solo ("Sonix", "The Appointed Hour"), capable d'intriguer ou de transmettre ses émotions au travers de mélodies minimalistes et austères, même s'il y réussit bien mieux quand il chante. Mais là, les embryons d'enchainement de notes pouvant s'apparenter à un semblant de mélodie sont rares : 'Extractus' reprend un thème entendu sur "A Grounding In Numbers", 'Colossus' offre en pâture quelques bribes mélodiques s'apparentant à la musique contemporaine, 'Repeat After Me' est un havre de paix avec ses notes nostalgiques rebondissant en pluie fine, très proche de 'Labyrinthine Dreams', le piano et l'orgue se fondent dans une mélodie sobre et triste sur 'Midnite Or So' et l'atmosphérique 'Dronus' semble issu des heures les plus intransigeantes de Klaus Schulze.
Les autres titres mettent les nerfs à rude épreuve par leur ascétisme intransigeant. Facteur aggravant, le son est parfois étouffé, sourd, transformant la musique en un magma auditif digne des pires bootlegs. Enfin, qu'est-il arrivé à Guy Evans ? Lui qui nous a habitués à un jeu d'une sobriété et d'une délicatesse exemplaires ressemble au batteur du Muppets Show, polluant les titres d'une batterie bien trop envahissante et démonstrative.
On l'aura compris, ce disque s'adresse aux amateurs de curiosités musicales ou aux fans inconditionnels de VDGG qui se réjouiront de posséder l'intégrale du groupe même si c'est pour se dépêcher d'oublier ce disque sur le rayon le plus obscur de leur CD-thèque.