5 années après leur précédent album, le controversé "Retox", et 9 années après "Scandinavian Leather" leur dernier haut fait d’arme incontesté, revoilà Turbonegro. Auréolé d’un statut de groupe atypique et culte qu’ils cultivent soigneusement, les Norvégiens nous reviennent après avoir traversé une forte zone de turbulences. Voyez plutôt : lors de ces 5 dernières années, 4 membres du groupes, et non des moindres, ont quitté celui-ci (quitte à le réintégrer par la suite pour certains). Durant la même période, 4 nouveaux membres ont été recrutés (dont certains ont déjà quitté le navire). Pour autant le style pratiqué par le groupe reste globalement inchangé. A savoir un Punk-Rock lorgnant vers le Métal, parfois même vers le Death Métal.
Côté originalité, il n’y a pas grand-chose à attendre de ce dernier disque en date. Même l’arrivée d’un nouveau vocaliste, au timbre un brin plus agressif que celui de Hank Von Helvete, son prédécesseur, ne change pas grand-chose à la donne. Tout au plus peut on remarquer une plus grande régularité en termes de qualité. Là où "Retox" alternait le très bon avec le très dispensable, nous avons ici un album plus homogène, mais qui ne parvient jamais à atteindre les sommets que son prédécesseur proposait au détour d’un "We’re Gonna The Atom Bomb". De fait, si le niveau général est plus qu’honorable et que l’on peut reconnaître la capacité au groupe d'avoir su produire un album qui s’inscrit dans l’esprit de sa discographie, il n’y a pas non plus de quoi s’extasier.
Le côté très 'conservateur' du groupe se révèle assez décevant. Le recrutement d’un chanteur dont le mimétisme physique avec son devancier est assez troublant, surtout au regard du côté singulier dudit physique, préfigure un peu les défauts de ce nouvel album. Le sentiment que Turbonegro a consciencieusement cherché à dupliquer la recette qu’il utilise depuis quelques années a du mal à nous quitter. Cela va jusqu’au choix du nom des chansons qui donnent dans la provocation désuète et émoussée : "Shake Your Shit Machine", "You Give Me Worms".
Premier album d’un combo inconnu, ce "Sexual Harasment" aurait peut-être de quoi faire frémir. Notamment avec les petits frissons que provoquent les accents punk de "Buried Alive", ou les très énergiques "Shake Your Shit Machine" et "TNA", certainement les meilleurs titres. Mais dans la discographie du groupe, ce n’est qu’un disque de plus. Les Turbonegro se sont contentés d’assurer sans prendre de risque. Au regard de la période tourmentée qu’ils viennent de traverser, c’est peut être le mieux qu’ils pouvaient faire.