Il y aura bien quelques biens pensants pour se pincer le nez. Comprenez que lorsqu’on est Allemand, que l’on forge du Black-Metal et que, cerise sur le charnier, on se nourrit de son histoire nationale, la plupart du temps sous l’angle guerrier, on prête forcément le flan aux critiques et aux suspicions douteuses. En effet, de toutes les hordes noires teutonnes en activité (ou pas), Endstille reste celui qui symbolise peut-être le mieux une certaine forme d’appartenance germanique, quand bien même sa musique est vierge de toute forme de martialité.
Pourtant, et c'est peut-être dû à son enrôlement dans le bataillon de Season Of Mist, ce neuvième assaut paraît avoir mis de côté certains oripeaux germaniques. Le visuel est plus sage, moins sinistre que ceux de jadis, la plupart des titres sont en anglais quand autrefois ils étaient dans la langue de Goethe… De là à dire que Endstille a décidé de ranger son panzer au garage, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas.
Si la prise de son est assez claire, la formule reste inchangée et voit le commando continuer de marteler son Black-Metal aux aplats lourds ("World Aflame") et rapides comme une attaque de V2, à base de blasts frénétiques et de riffs grésillants et recouverts d’une croûte glaciale parfois (comme le temps du venimeux "When Kathaaria Falls"), mais agressifs toujours. Fidèle à sa violence coutumière, Endstille ne fait pas de prisonniers et préfère miser sur les Blitzkriegs ravageurs (la triplette du début l’illustre parfaitement) alors même qu’il sait toujours se montrer impérial lorsqu’il se lance dans l’érection d’un tempo plus lancinant, bien que toujours aussi implacable.
En guise d’armistice, le long "Endstille (Volkerschlächter)" déroule sa trame sinistre que vrille ses riffs qui, à la manière de scalpel, labourent la peau et les chairs. C’est répétitif, véritable engourdissement des membres durant plus de 7 minutes mais c’est surtout d’une beauté immense et grisâtre nous faisant regretter que les Allemands ne développent pas davantage cet aspect de leur caractère plutôt que de le réduire à une conclusion, aussi immense fusse-t-elle.
A un rythme soutenu, et bien que les guerriers qui l’animent se révèlent extrêmement actifs en parallèle, la machine de guerre poursuit son chemin, éternelle sous-division redoutable dans son efficacité et sur laquelle on peut toujours compter pour dératiser tout ce qui bouge. Sans génie particulier sans doute, mais d’un savoir-faire dans l’attaque tout à fait respectable. Un bon cru donc.