Last Rites, qu'habille un très bel artwork, est une confirmation. Quand bien même on le savait déjà, on mesure à son écoute, et nonobstant la valeur de ses trois précédents aînés, combien Pentagram a besoin du jeu goudronneux de Victor Griffin, dont la dernière participation remontait à 1994 et Be Forwarned, pour dresser fièrement le mât de l'inspiration la plus éclatante.
Fort de la réunion du duo structuré autour du chanteur (et unique membre originel) Bobby Liebling et du guitariste, Last Rites, premier album du groupe depuis 2004 est à la hauteur de l'attente et des espoirs que les fans ont placé en lui et que le retour de Griffin a forcément réjoui. S'il était sans doute plus à sa place chez le plus modeste Black Widow, Pentagram devrait, grâce à l'appui de poids de Metal Blade, bénéficier désormais d'une exposition qui lui a sans doute toujours un peu manqué mais qui a toutefois contribué à en faire une formation culte chez les amateurs du riff velus 'sabbathien'.
Last Rites le mérite car il est un album exemplaire, que d'aucuns affilieront au Doom traditionnel à l'américaine, mais qui reste avant toute chose du pur Hard-Rock coulé dans le plomb des aciéries de la côte Est. Mieux, les racines blues (on pense même parfois à Hendrix le temps de "Windmills And Chimes") font parfois plus qu'affleurer à la surface de cette terre charriant une mélancolie toujours pesante que distillent les lignes de guitare graisseuses de Victor Griffin, lequel, démontre quel grand musicien bourré de feeling jusqu'à la gueule, il demeure ("American Dream").
L'opus rassemble onze brûlots nerveux, efficaces et immédiats, qui ne perdent jamais de temps pour envoyer leur semence ultra heavy. Aidé par une prise de son à la fois puissante et roots, le groupe se montre impérial tout du long, de l'accrocheur "Treat Me Right" à l'ultra plombé "Nothing Left" qui referme ce livre riche en morceaux de bravoure. Citons le lent "8" à l'entame feutrée du plus bel effet et sans doute l'apogée de l'album, "Call The Man", "Walk In Blue Light" et "Into The Ground".
Que dire de plus, si ce n'est que Pentagram vient d'enfanter d'une de ses hosties les plus jouissives. Souhaitons que cette bonne santé annonce une régularité retrouvée et que nous n'ayons donc plus à patienter encore sept ans avant de pouvoir s'enfoncer son successeur dans les cages à miel !