2026: c'est la date à laquelle devrait sortir le prochain album studio de Cold Chisel ! En effet, en 1998, "Last Waves Of Summer" avait fait suite à "Twentieth Century" sorti en 1984, et c'est après la même durée d'attente que "No Plans" débarque sur nos platines alors qu'on ne l'attendait plus. Il y avait bien eu cette reformation en 2009 pour assurer quelques concerts exceptionnels, puis la rumeur avait couru que le groupe avait recommencé à composer, mais le décès de Steven Prestwich, d'une tumeur cérébrale en Janvier 2011, semblait mettre un terme à tous les espoirs. Et pourtant, le quatuor, redevenu quintet avec l'arrivée de Charley Drayton à la batterie, nous propose 13 nouveaux titres tirés de différentes sessions depuis la reformation, et intégrant donc quelques morceaux enregistrés en compagnie de Prestwich avant son décès.
Produit par Kevin Shirley (Iron Maiden, Journey, Rush…), "No Plans" traduit la nouvelle philosophie de Cold Chisel face à la fragilité de l'existence. Comme l'explique les membres du groupe, rien n'a été planifié depuis la reformation de 2009 qui n'était elle-même pas prévue. La composition de nouveaux titres s'est faite toute seule par la suite et les projets qui avaient commencé à naitre se sont vu contrariés par le décès de Steve Prestwich. Ce dernier événement a également fait prendre conscience aux membres restants que, l'âge avançant, la vie était fragile et que les projets devenaient plus aléatoires. "No Plans" donc, mais un nouvel appétit pour croquer la vie au jour le jour en profitant de l'expérience acquise, une philosophie que l'on retrouve dans la plupart des paroles traitant du pardon, de l'amour perdu, des perspectives que l'horizon découvre, etc… dans une ambiance mélangeant enthousiasme rafraichissant et délicate mélancolie.
Comme à son habitude, Cold Chisel alterne les rocks enflammés et hyper accrocheurs ("No Plans", "HQ454 Monroe"), les mid-tempi chaloupés au groove hypnotisant ("Everybody"), incluant quelques éléments jazzy et bluesy ("Dead And Laid To Rest"), voire latinos ("I Gotta Get Back On The Road"), et nous emmenant sur les highways australiennes avec optimisme ("The Horizon"). Chaque titre est transcendé par la voix hors-norme de Jimmy Barnes, sur laquelle le temps ne semble pas avoir de prise, et qui nous offre de belles démonstrations modulant son chant pour transmettre une émotion à fleur de peau sur des ballades telles que "All For You" à la mélodie imparable, ou la délicate et semi-acoustique "Missing A Girl", sans oublier le bon vieux blues à l'ambiance de bar enfumé ("Our Old Flame"). Du coup, la différence se fait cruellement sentir lorsque Ian Moss s'empare du micro sur "Too Late " et "Summer Moon", titres de qualité et certes bien chantés, mais souffrant de la comparaison avec le titulaire du poste.
C'est donc un retour étincelant que nous propose Cold Chisel, clôturant l'ensemble sur un pièce d'émotion brute. En effet, c'est Steve Prestwich qui chante sur un "I Got Things To Do" aux paroles touchantes de part le décès du batteur, mais également lorsque l'on apprend que ses camarades ont découvert par hasard cette version alors qu'ils s'attendaient à devoir en enregistrer les lignes vocales. Même si la qualité est au rendez-vous tous les 14 ans et que le groupe ne veut rien planifier, un tel joyau ne peut que nous faire souhaiter une suite avant 2026 !