Petit rappel: nous sommes en 1977, l’Angleterre baigne dans la vague punk, et le Heep fait déjà figure de dinosaure. Sans son chanteur charismatique, David Byron, et avec Hensley semblant un peu en panne d’inspiration, Uriah Heep peine à suivre le rythme effréné des sorties de l’époque (minimum un album par an quand-même...). Le groupe a pourtant le mérite de tenter de se renouveler et décide d’édulcorer encore son heavy-prog pour flirter avec un A.O.R. grand public teinté de funk ("The Dance"), sans doute encore et toujours pour atteindre le Graal du marché américain. Le single "Free Me", tout en douceur acoustique en est aussi un bon exemple.
Les autres titres sont, soit des ballades, soit des compositions assez directes, aux mélodies faciles, aux claviers omniprésents et aux chœurs dopés aux amphétamines, prenant parfois des accents soul comme sur "Roller". Lawton, qui avait bien assuré la transition avec Byron sur "Firefly", se lâche vraiment sur cet album, même si un peu de retenue aurait sans doute mis sa voix mieux en valeur.
La guitare de Mick Box, beaucoup trop discrète, permet cependant d’apporter un peu de respiration, comme sur l’énergique " Free ‘n’ Easy" qui renoue avec l’énergie et les riffs percutants du passé, ou sur le très beau "Illusion" qui aurait mérité un développement plus progressif. La version remasterisée regroupe ce titre avec sa suite, "Masquerade", qui avait été saucissonnée en face B d’un single, mais cet enchaînement ne fonctionne pas. L’album se referme sur "Choices", une nouvelle ballade composée par Jack Williams, un ami de Hensley (aussi crédité sur "The Dance"), mais elle confond puissance et pump-rock à la limite de la caricature de ce que faisait le Heep sur ses premiers albums.
Visant sans doute le marché américain, c’est en Europe, et surtout en Allemagne, que l’album va cartonner, mais il restera dans la discographie du Heep comme une de ses plus faibles productions.