Comme le relevait Struck dans sa chronique du premier album d'Ashent, c'est principalement le chant qui empêchait le groupe italien de convaincre avec son métal progressif technique. Après deux albums anecdotiques, le groupe a enfin décidé de changer de voie à l’occasion d'Inheritance en choisissant une voix qui a fait ses preuves (notamment chez DGM), à savoir Titta Tani. Théoriquement tous les voyants sont au vert pour le sextet avec l'arrivée de ce nouveau vocaliste.
Le métal progressif produit par Ashent correspond bien à cette tendance italienne qui veut que les formats soient courts et denses (dans le genre DGM ou Astra). Il n'en est pas moins très difficile d'accès tant la complexité déployée est rarement entrecoupée de ces salvateurs interludes que savent incorporés les Américains dans leurs morceaux longs et épiques.
Une chose est au moins acquise, ce n’est pas du côté du chant qu’il faut chercher les défauts de ce disque. Ce sont bien les constructions instrumentales qui peinent dans Inheritance avec cette prédominance de la batterie qui asphyxie toutes les bonnes idées ("Fractural"). Un véritable mur de son glacial est déployé par Ashent, un peu à la manière de Devin Townsend. La comparaison s’arrête là et c’est souvent une impression brouillonne qui domine l’écoute.
Le disque débutait pourtant correctement avec un bon "Eve" sombre et mélodieux, mais la volonté de densifier au maximum les morceaux amène à un résultat schizophrène qui fait qu’un morceau donne l'impression d'une superposition de rythmes et mélodies différents ("Shipwrecked Affair" ou "The Starving Litany"). Les seuls éléments à sauver dans ce disque sont les deux instrumentaux, "La Danzatrice Scalza" et "Labyrinthique", qui font montre d’un début de sensibilité et la magnifique pochette de Mario Sanchez Nevado qui fera un fond d’écran idéal.
Alors que le point noir principal des albums d’Ashent était le chant, c'est désormais dans de mauvais choix rythmiques que le groupe transalpin vient se heurter. Inheritance est un disque abrutissant qui ne donne pas envie d’être exploré plus profondément alors que des qualités mélodiques sont réelles. Un format long serait finalement le meilleur remède pour aérer les compositions.