En 1996, un groupe brésilien envahissait le monde, du Japon à l’Europe, avec un concept, "Holy Land", à la personnalité indéniable. L’animal bicéphale avait comme voix André Matos et comme bras Rafael Bittencourt. Las, quelques années plus tard, le groupe se séparait pour générer un Angra du pauvre mené par Bittencourt, et un Matos se dispersant entre les Shaaman qui se cherchent, les Symfonia qui s’oublient, et les albums soli sans prétention. Ils nous pondent tous plus ou moins régulièrement des rondelles sympathiques, mais aucune n’a jamais été à la hauteur de ce sacré "Holy Land".
Dès lors, c’est d’une oreille un peu échaudée que l’on débute l’écoute de ce troisième album solo d’André Matos. Et à cette première tentative, il n'y a pas de surprise mais on se surprend à penser qu' André Matos chante bien mieux que sur ses derniers opus où il singeait trop les vocalises façon Helloween (comme en témoigne la très belle ballade "Gaza"), et que le ton est peut-être à la fois plus heavy et plus symphonique que l’album précédent.
Après deux titres power mélodiques efficaces, Matos durcit le ton et complexifie le propos avec "The Turn Of The Lights" qui rappelle un peu, toutes proportions gardées, Dream Theater. Au bon moment arrive la ballade tout juste langoureuse mais bien interprétée, "Gaza", un sans fautes jusque là! Manquait encore le titre incontournable que l’on a envie de faire tourner en boucle: banco, c’est "Stop" ! Et pourtant, juste envie d’un encore !
La deuxième partie est du même acabit, d’une régularité presque trop régulière, parfois recherchée, parfois plus simpliste, mais un peu moins accrocheuse. On aurait apprécié une certaine audace, voire même un gros raté génial, mais tout est très, trop, calibré, et si l’émotion passe, c’est parfois au forceps !
Ce "Turn Of The Light" apparait donc comme l'un des meilleurs albums solos d'André Matos, qui, s’il n’arrive pas à faire regretter la période faste d’Angra, permet au gaillard d’étaler son art et son talent.