"Rien ne ressemble plus à un nouvel album de ZZ Top que le précédent album de ZZ Top !" Pas forcément faux, mais s’il ne faut pas oublier que certains albums, tels que "Eliminator" ou "Antenna", ont tout de même marqué des évolutions notables dans sa musique, le trio texan fait partie de ses rares formations qui ont durablement imposé un style personnel et affirmé au travers de plusieurs décennies. Dans ces conditions, il y a fort à parier que l’immense majorité de ses fans ne souhaite en aucun cas le voir trop s’éloigner du son Hard-Blues-Rock si typique. Neuf ans après "Mescalero" auquel nous n’espérions plus de successeur studio malgré les nombreuses tournées, le EP 4 titres, "Texicali", est venu rallumer la flamme en Juin et préparer nos cages à miel à ce "La Futura" attendu comme le Messie.
Produit par Rick Rubin qu’on ne présente plus (Red Hot Chili Peppers, Metallica, AC/DC, System Of A Down, Run DMC…), ce nouvel opus a pour but, dixit Billy Gibbons, de "retrouver le caractère direct des débuts sans tourner le dos à la technologie contemporaine.", et il semblerait bien qu’il atteigne ses objectifs. Le gros son à la limite de la saturation, typique de la plupart des derniers albums du groupe, est présent dès les premières mesures de "I Gotsta Get Paid", alors que la voix de Gibbons est de plus en plus rauque, passée au papier de verre et trempée dans l’huile de vidange. Mais ZZ Top, c’est surtout un riff simple et efficace qui s’appuie sur une rythmique basique mais imparable, et à ce titre, "La Futura" n’est pas avare en irrésistibles friandises : "Chartreuse", "Consumption" et "Big Shiny Nine" solliciteront les articulations les plus grippées alors que "I Don’t Wanna Lose, Lose, You" et "Flyin’ High", dotés de refrains hyper accrocheurs, viennent carrément flirter avec des riffs AC/DCiens. Il est d’ailleurs à signaler que ce titre fut diffusé en avant-première dans le vaisseau Soyuz, à la demande de l’astronaute Mike Fossum, fan et ami de Dusty Hill !
Dans le domaine des légères innovations, nous noterons également la présence de l’harmonica de James Harman sur un "Heartache In Blue" dont l’ondulation fait aussi bien penser aux brumes de chaleurs s’élevant au-dessus des terres surchauffées du Texas, qu’à la chute de reins d’une strip-teaseuse sur la scène d’un bon vieux bar enfumé. Enfin, ZZ Top se fend de deux ballades gorgées de feeling sur lesquelles les envolées de guitare de Gibbons déclenchent d’incontrôlables frissons le long de l’échine. "Over You" se diffuse dans une ambiance old-school et légèrement country avec de légères nappes de cordes, alors que "It’s Too Easy Manana" se veut plus une power-ballade heavy-blues et surprend avec une accélération finale inattendue.
Bien sûr, certains tordront du nez sur les enchainements sans temps-mort entre certains titres, ou des fins un peu brutales et ils vous affirmeront que ceci prouve que ZZ Top ne savait pas comment conclure ces morceaux. Nous y verrons plutôt un élément de spontanéité visant à ne pas laisser certains titres s’éterniser inutilement. Pas particulièrement révolutionnaire, "La Futura" vient cependant rassasier tous les amateurs des barbus texans, et fait preuve de suffisamment d’inspiration et d’enthousiasme pour être considéré comme un retour gagnant !